Quel est ton univers chorégraphique ?

Après des années d’étude et sept ans de carrière à dessiner un corps, je me surprends à chercher tout l’inverse.
La forme jaillit précise et puissante, certes, mais elle jaillit de l’instant. 
J’aime à travailler avec la sensation, l’émotion, l’intention. 
J’aime à mettre en situation le danseur qui me fait face, et interpréter ses réactions face au nouvel environnement dans lequel je le plonge. 
Je recherche des états à traduire et le mouvement qui en découle sans artifice. 
Chez moi le corps est sensible, palpable, cassable, intense et fébrile. 
Il subit la vie et la surprend à la fois.

Peux-tu nous dire quelques mots sur ta création / projet en cours ?

Je travaille actuellement sur deux créations autour de ma réflexion sur la mémoire :
 
– « Jamais je n’oublie, chapitre II » qui première le 9 mars 2023 au Théâtre de la Merise. 
« Jamais je n’oublie », c’est un travail de longue haleine depuis ses premières recherches en 2019 et jusqu’à sa réalisation aujourd’hui. 
C’est un trio ayant pour thème central la perte de mémoire et d’identité. Dans cette pièce, l’accent n’est pas seulement mis sur la personne qui se perd, mais aussi sur son entourage qui est également touché. Le chapitre II fait suite au duo de « Jamais je n’oublie » et étend la recherche corporelle à un langage beaucoup plus brut, empreint de réalité. Que devient le cadre familial dans le déchirement d’un être cher qui s’oublie ? Quelles sont les nouvelles habitudes à prendre ? Qu’est-ce que change la maladie sur la dynamique familiale ? Dans un cocon d’amour, de tendresse et de patience, les trois danseurs nous emportent dans leur histoire personnelle face à un combat qu’ils ne pourront gagner. On découvre alors l’essence même de chaque personnage et la capacité de résilience de l’être humain
 
–  « Signe-moi l’éphémère » est une pièce en construction, elle traite de la fugacité de l’instant, du caractère éphémère de la vie et de la fragilité des souvenirs. Perdue dans une mer de photographies, une danseuse nous emmène, nous spectateurs, dans un voyage émotionnel à travers des souvenirs personnels ainsi que des moments de vie passés d’autrui. Cette femme nous dévoile son voyage dans un monde en deuil où l’éphémère est palpable. « Signe-moi l’éphémère » met en évidence le fait que la vie est vécue vers l’avant, mais ne peut être racontée et comprise qu’en arrière

Quels ateliers as-tu prévu avec les danseurs de Danse en Seine ?

J’ai encore envie de me laisser surprendre par le groupe !
Comme une envie de mêler des principes de créations de mes deux dernières pièces dont je vous parlais plus haut.
Une expérimentation à la mémoire, des changements d’environnements, des partages d’expériences.
 
Je viens pour expérimenter comme je le ferais avec des danseurs professionnels. 
La forme que ça prendra ? Je ne sais pas, mais faites moi confiance, il y en a toujours une dansée au final !
Alors venez préparé à vous ouvrir à l’autre et à rentrer dans mon monde.

Pourquoi avoir rejoint l’incubateur de chorégraphie ? 

Après trois ans à mener ma barque seule en Europe j’ai eu envie de structuration, d’une bonne boîte à outils mais aussi et plus fondamentalement de m’entourer.
Quelle chance d’avoir découvert la Fabrique et son équipe qui viennent me conforter dans mes savoirs acquis de gestion d’une compagnie et qui viennent en démonter d’autres pour mieux mener la barque !
Et puis après tout, on a toujours à apprendre.
Retrouvez les ateliers de Perle les mercredis 4, 11, 18, 25 janvier et 1er février.
©Mariacheilopoulou