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Or des Talus est une pièce inspirée du roman noir mais poétique de Jean-Louis Carrasco Penafiel chorégraphie par Orianne Vilmer & Jocelyn Muret pour onze danseurs de la compagnie Danse en Seine. D’ici la première, une série d’interviews de l’équipe artistique du projet sera publiée sur le blog, à retrouver sur la page dédiée.

A quelques jours de la première, Emmanuelle témoigne

Peux-tu nous parler des différents tableaux dans lesquels tu danses ?

Je danse dans le tableau de la Cavale qui évoque la fuite de 4 personnages, dans un état de nervosité proche de l’agressivité. Ils se sont contenus et bouillonnent d’énergie. Finalement on ne sait pas vraiment où ils vont ni si cette course est vertueuse.
J’interprète également le Prologue avec Marie. On rentre dedans comme dans une machine qui secoue dans tous les sens. On se dit presque : « bon , à tout de suite! », tellement il y a de violence, on s’emporte on ne la voit pas passer. C’est un duo très furtif selon moi qui parle d’une relation de violence entre deux personnages. Le mien veut aller chercher l’autre, quitte à ne pas lui laisser le choix…
J’interprète enfin Jack, qui est un personnage radicalement différent de tous les autres. Il représente la beauté, l’admiration, et quelquepart peut être la spiritualité. Il est parfait. Donc mystique. Il relève presque du religieux ou mythologique.
Danse En Seine  Culture Au Quai 27 sept 2014 Jack1BQ

As tu observé une différence dans la construction de chacun d’entre eux ?

Oui, Jack était clair et précis. Ecrit d’un trait net il n’y avait plus que, pour moi, à prendre possession de l’énergie et la qualité que Orianne et Jocelyn lui avait données. Ce qui, techniquement, n’était pas une mince affaire tout de même !
Pour la Cavale c’est très différent car nous avons cherché avec les chorégraphes, improvisé, exploré différentes formes de violence. Ils avaient une idée mais la trame a été faite bout à bout avec nous, fonction de ce qui fonctionnait ou semblait pouvoir fonctionner ! Ce n’est qu’au bout de nombreuses répétitions que l’effet recherché est apparu. Il fallait une grande maîtrise de la partition, une fois la construction terminée, pour que cela « prenne », enfin.
Pour le prologue, j’ai repris le rôle une fois le duo construit.

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Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Pour le Prologue mon but est que chaque mouvement soit vital. Je m’inspire d’une réaction animale. Un félin par exemple.
Jack, c’est le Sublime. J’ai l’impression de ne pas être moi, mais qu’une toute petite partie pure et parfaite. Quelque chose qui n’existe pas plus qu’un instant mais que l’on offre très rarement. C’est un état de générosité absolue dans lequel je me mets, qui me provoque presque à chaque fois l’envie de pleurer.

Comment arrives-tu à changer de personnage ? Quelle transition est la plus difficile ?

C’est sûrement avant Jack que c’est le plus dur car le costume change beaucoup et vite et j’ai besoin d’effacer tout ce qui s’est passé dans mon corps avant.
Pour le reste je ne me pose pas de questions, c’est la partition à effectuer qui nécessite de se mettre dans un certain état. C’est automatique. Et nos partenaires nous y aident bien.
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En tant que directrice artistique de la compagnie, quel à été ton rôle dans ce projet ?

J’ai essayé d’être très attentive aux choix que faisaient Orianne et Jocelyn tout au long de leur création. Je ne veux pas interférer dans leur choix artistique mais plutôt leur montrer qu’ils avaient toujours le choix, qu’ils devaient être fidèle à leur vision et ne jamais se travestir pour une quelconque raison.  Il y a toujours une direction pour être fidèle à ce que l’on est. Ce qu’ils nous ont d’ailleurs parfaitement prouvé!
Par rapport au spectacle de manière plus générale nous essayions avec l’equipe de mettre en oeuvre le maximum pour qu’ils arrivent au bout de l’oeuvre. Rencontre avec metteur en scène, test lumières, les challenger sur les costumes. C’est ce qui a fait la richesse et la complétude du projet aujourd’hui. Qu’ils aient pu être entourés le mieux possible, échanger, se poser des questions et finalement, ne s’en tenir qu’à eux-mêmes!

As-tu observé une évolution dans l’écriture entre février et décembre ?

Cela dépend des parties de la chorégraphie (d’une heure tout de même). Certains passages qui ne faisaient pas de doute n’ont quasiment pas bougé depuis février. Pour d’autres, le temps, la (bonne) usure a rodé certains mouvements, ou gommé d’autres. C’est l’avantage de prendre autant de temps sur un projet.  Les danseurs interprètes ont également évolué entre le début de l’apprentissage et les dernières répétitions. Orianne et Jocelyn pouvaient parfois demander plus, ou plus précisément quelque chose.
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Comment qualifierais-tu l’esthétique d’Or des talus? Qu’est ce qui te marque particulièrement ?

J’étais toujours épatée quand je découvrais un nouveau tableau dans lequel je n’avais pas travaillé car je me disais toujours une chose : oui c’est évident que c’est ça. Je crois que ce qui me marque le plus dans leur travail c’est qu’il va a l’essentiel. C’est l’émanation de ces corps habités par des émotions.
Or des Talus est incontestablement noir, par les sujets qui sont abordés. Cependant on trouve toujours la beauté dans chaque personnage. Les femmes, la Mère, Julien, ils sont tous beaux dans leur noirceur et leur tourment. Et c’est sûrement grâce à ce qu’ont fait ressortir Orianne et Jocelyn de ces personnages : l’humain, simplement.

A quelques jours de la première quelles sont les dernières difficultés à relever ?

Oulala. Tout retrouver à la fois au même moment: 20h lundi.
Il faut que chaque danseurs ressorte de son année de travail le zeste à servir au public lundi 5.
Pour moi la dernière difficulté sera de se recentrer les 11 danseurs ensemble, de passer par dessus les contraintes techniques car à si peu du spectacle chacun doit se centrer sur sa part du travail. Pour Orianne et Jocelyn prendre les derniers décisions sur la chorégraphie vu de son ensemble et pour son ensemble. Pour la lumière et le son d’être le plus fidèle à leurs dernières décisions. Et bien sur que chacun leur fasse confiance, gèrent le stress et vivent pleinement ce moment sur le plateau.

Que t’aura appris cette aventure artistique?

Plein de choses. La difficulté de créer. Qu’il faut jouir de ses influences mais ne pas se faire influencé (compliqué à nuancer… j’avoue!). Qu’une vision est singulière et c’est ce qui la rend intéressante. Alors pendant la construction il ne faut surtout pas se décourager ou se perdre. Cette nouvelle expérience m’aura fait des bons rappels aussi. Un projet comme celui la passionne et occupe! Comment les complicités entre partenaires naissent et vivent au fur et à mesure du projet. C’est peut être une des sensations à laquelle je suis la plus accro. Et puis faire confiance.
Assumer. Assumer. Assumer.
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Or des Talus

Lundi 5 janvier à 20h00 au vingtième théâtre, 7 rue Plâtrières – 75020 Paris

Tarif unique : 16€

Réservations Paypal ou FNAC

Articles précédents :

Interview des chorégraphes

Interview de l’auteur

Interview de Marie Simon

Interview de Sophie Romanet

Interview de Camille Delache

Interview de Caroline d’Avout

Interview de Véronique Bernier

Interview de Lucie Mariotto

Interview d’Agnès Vilmer

Interview de Laure Nouraout

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