C’est un aperçu de très bon augure que les danseuses de Danse en Seine ont offert à un public nombreux et varié ce soir d’octobre. Nous étions quelques-uns, en effet, à pouvoir préjuger d’un travail chorégraphique toujours en construction mais livré à la curiosité des spectateurs de tous âges, tel un regard furtif mais admirateur posé sur le tableau non achevé d’un peintre en pleine création.

Les trois extraits présentés, préfigurant les trois actes du spectacle Or des talus qui se tiendra le 5 janvier, s’appuient sur les thèmes aussi mystérieux qu’apparemment décousus de l’abnégation, la rencontre et la cavale.

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Ce début de périple est marqué par les mouvements sacrificiels d’un groupe de jeunes filles aux regards contraires. Au vu des visages éberlués des plus jeunes spectateurs, nul doute que les saccades des danseuses auront posé plus de questions qu’apporté de réponses auprès du public. Cette absconse abnégation est apparemment plurielle mais collective.

Au foisonnement de la kyrielle suit un duo, un homme et une femme, puisque le doute n’est pas permis. D’une délicatesse affectée, la rencontre de ces ceux complémentaires entend montrer avec une grâce non tempérée l’apprivoisement des deux personnages.

Le coup de fouet viendra de la cavale, véritable performance artistique autant qu’exploit cardiologique. Entraînées dans une ronde infernale dont l’horlogerie impeccable s’emballe toujours plus à chaque tour, les danseuses semblent happées dans une fuite en avant irrémédiable. De cette mécanique de l’angoisse, on retient les affres des cris de transe, les à-coups faussement désarticulés et le souffle haletant. Le souffle du public était lui, coupé.

Arnaud, pour Danse en Seine