Modeste à ses débuts, le Prix de Lausanne a réussi à s’imposer sur le plan international en devenant un rendez-vous incontournable de l’univers de la danse, à la fois pour les jeunes danseurs et pour le public.

Fondé en 1973 par Philippe Braunschweig, passionné de ballet, parrainé par Rosella Hightower et Maurice Béjart qui en ont fixé les règlements, ce concours suscite l’engouement des professionnels et réussit à attirer chaque année des jeunes espoirs de 15 ans à 18 ans, venus du monde entier. Cette année, pas moins de 226 jeunes ont postulé et 79 ont pris part au marathon des éliminatoires la semaine passée.

Mais pourquoi un une telle effervescence? et par quel miracle, Lausanne devient la capitale mondiale de la danse une semaine par an?

>> Déjà, parce que  ce concours n’est pas un concours comme les autres. Les meilleurs candidats sont jugés sur leur potentiel et non sur leurs acquis. Le concours ne se cantonne pas à deux variations données sur scène: il dure une semaine, durant laquelle les jeunes danseurs suivent des cours de classique et contemporain, des séances de coaching sur leurs variations; le jury observe comment ils assimilent, reproduisent, corrigent, sonde leur musicalité ou leur imagination… Et pendant cette semaine, le réseautage bat son plein, c’est une occasion inespérée pour un jeune danseur japonais de rencontrer le directeur de la plus grande école du Canada, et même plus généralement, une occasion incroyable d’échanger entre les candidats.

>> Ensuite, parce que les prix ne consistent pas en un beau chèque, ou du moins pas seulement! Le but du Prix de Lausanne est d’ouvrir les portes des meilleures écoles et compagnies du monde en attribuant des bourses de formation: le plus dur étant finalement de choisir entre la Royal Ballet School (Londres), la School of American Ballet (New York) ou encore la Scuola di Ballo del Teatro alla Scala (Milan)… Et pas question de transiger avec l’éducation: les jeunes danseurs  doivent terminer leur collège, même s’ils doivent quitter leur pays et s’il y a un changement de langue, des cours par correspondance sont organisés.

>> N’oublions pas non plus que le Prix de Lausanne a pour ambition de découvrir les danseur de demain. Et le jury ne s’y trompe pas, dans le palmarès, citons:

Alessandra Ferri (1980), qui a ensuite sévi au Royal Ballet et à l’American Ballet Theater en tant que « principal dancer ». Démonstration dans le pas de deux « Carmen » de Roland Petit avec Laurent Hilaire…

José Carlos Martinez (1987), qui a fait ses adieux à l’Opéra de Paris en juillet dernier après 14 ans de services rendus en tant qu’étoile… aujourd’hui, il est directeur de la Compagnie nationale de danse d’Espagne.

http://youtu.be/qcB4Jo63Cz0

Laetitia Pujol (1992), aujourd’hui étoile au Ballet de l’Opéra de Paris.

http://youtu.be/yZ2J-CdlqJQ

Benjamin Millepied (1994), étoile au New York City Ballet, aujourd’hui chorégraphe et à la tête de sa propre compagnie LA Dance Project.

>> Le Prix de Lausanne offre un panorama de la danse aujourd’hui: en voyant danser des jeunes du monde entier, se dessinent des styles, des écoles, des tendances. Aujourd’hui nul besoin d’être prophète pour prédire que l’Asie fera bientôt partie des terre d’élection de la danse. Cette année, sur 79 candidats, 20 venaient du Japon, 11 de la Chine.

>> L’artillerie lourde en matière de nouvelles technologies: le monde entier avait les yeux rivés sur Lausanne! Cette année une stratégie numérique a été mise en œuvre par Jean-Paul Dinh, affectueusement surnommé «le gourou du Web» par ses collègues. Un calendrier de l’Avent ainsi que les « videoblogs » ont été vus plus de 6 millions de fois.

Toutes les plates-formes existantes ont été conviées et les épreuves pouvaient être suivies en direct et en continu: facebook, twitter, une appli iPhone/iPad, difficile de passer à côté! «C’est incroyable de voir que, pendant le concours, notre site est parmi les cent plus regardés, avant le Forum de Davos et le Vatican», s’enthousiasme la présidente.

Bref, autant vous dire que vous entendrez parler encore longtemps du Prix de Lausanne!