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La première représentation d’Or des Talus aura lieu le 5 janvier 2015 au Vingtième Théâtre à Paris. Or des Talus est une pièce inspirée du roman noir mais poétique de Jean-Louis Carrasco Penafiel pour onze danseurs de la compagnie Danse en Seine. D’ici la première, une série d’interviews de l’équipe artistique du projet sera publiée sur le blog (à retrouver sur la page dédiée). Après les questions au duo de chorégraphes, rencontre avec l’auteur…

JLetmarie

En quoi votre roman se prête-t-il à une adaptation chorégraphique?

Je n’avais pas pensé à une adaptation chorégraphique : cinéma, bande dessinée, oui, mais pourquoi pas d’autres formes ? C’est dans plusieurs passages que le récit fait appel en effet à la danse : la scène du puits où tourne la robe blanche, la scène finale du train où danse le corps éclaté de julien en millions de lucioles tournoyantes. Il y a peut-être dans le fond de cette dérive qu’est L’or des talus, comme un battement primal, quelque chose qui tient plus du ventre et du halètement que des mots eux-mêmes, et même du sens qu’il voudraient porter. Le rythme y est battement. Le battement comme corps, le corps comme mouvement, le mouvement comme respiration ultime. C’est cela peut-être qu’ont ressenti les chorégraphes.

 

Une adaptation est toujours un exercice difficile, même pour les plus expérimentés, que ce soit au cinéma ou en danse… N’avez vous pas peur pour votre oeuvre?

Il faudrait un autre mot. Adaptation veut trop dire qu’on reste dans le cadre et l’énoncé de l’oeuvre. Or des traductions, qu’on se plait à définir comme des trahisons, parviennent quelques fois à éclipser l’oeuvre d’origine : c’est le cas pour Baudelaire qui nous a laissé une traduction inégalée des Nouvelles d’Edgar Poe, c’est le cas pour certains critiques littéraires, dont les essais, si brillants, sont passés à la postérité en tant qu’oeuvre à part entière. Prendre appui sur une oeuvre, c’est vouloir faire oeuvre à son tour. Il faut se décomplexer et s’affranchir de l’oeuvre: ce que l’on adapte vaut en soi-même, si bien qu’une oeuvre peut susciter une autre oeuvre, dont la valeur n’a pas à être jugée en ce qu’elle reste fidèle ou s’écarte de l’oeuvre dite « originale », mais en ce qu’elle réussit à rendre dans son art propre, ici la danse. Regardons le travail des chorégraphes sur la scène comme une oeuvre dansée. Oublions, au moins pour le temps de la danse, le texte.

 Avez-vous été consulté par les chorégraphes? Le cas échéant sur quel genre de sujets?

Nous avons convenu dès le départ que l’auteur du texte n’interviendrait pas pour permettre une appropriation complète. Bien sûr il y a eu des échanges, des interférences. Difficile pour un auteur de ne rien dire, mais chacun savait à quoi s’en tenir. Les chorégraphes ont semblé vouloir un éclairage par moments, mais en même temps, tenaient leur oeuvre dans les mains. J’aime ce côté capitaine : à eux la conduite du bateau. Bien sûr, je ne peux pas dire que je n’aurais pas aimé intervenir davantage, surtout sur le plateau, au moment du travail, parler aux danseurs. Mais ceci aurait représenté un grand risque : la deuxième oeuvre aurait été une nouvelle fois celle de l’écrivain, ce que nous n’avions pas voulu.

Comment décririez-vous l adaptation qu’ils font de votre roman?

Je me suis préparé à tout accepter. Une seule chose me désolerait, ce serait que l’oeuvre soit sans force, sans beauté. Or, pour ce que j’en ai vu pour le moment, les chorégraphes sont parvenus sans les mots, à restituer le fond du récit, le fond au plus profond. En cela ils rejoignent ce que j’ai voulu exprimer dans le texte, mais cela aurait pu être une toute autre approche, il faudrait que je sois capable de l’accepter. Mais je ne connais pas la suite, cela m’angoisse, l’idée d’une déception en particulier, ce qui est stupide compte tenu de l’attitude d’ouverture que je me voudrais, et je crois que les auteurs de la chorégraphie doivent être également bien inquiets par moments. Les danseurs, danseuses, partagent cette angoisse avec nous tous, et c’est ça qui en fait une aventure : peurs, enthousiasmes, défauts, faiblesses, atouts, force, tout est embarqué.

 Qu avez vous ressenti lorsque vous avez vu les premiers extraits? Quelles sont vos attentes pour la première?

Lors de la présentation des premiers extraits, j’ai comme entendu la musique du récit dans mon ventre. Cela dansait sur la scène et en même temps dans mes veines de spectateur. Pour la première, j’essaye de ne rien vouloir. N’ayant pas été le maître d’oeuvre, je ne suis qu’un parmi les spectateurs. Pour être sincère, c’est difficile de ne rien attendre, comme si on pouvait s’extraire de soi-même ! Ce sera un effort, à l’arraché, le même que celui que l’on fait pour accepter l’autre dans la royauté de son altérité. Mon souhait intime, sans préjuger du rendu final, est bien sûr que leur oeuvre soit éclatante.

Or des Talus

Lundi 5 janvier à 20h00 au vingtième théâtre, 7 rue Plâtrières – 75020 Paris

Tarif unique : 16€

Réservations : 

http://www2.danseenseine.org/creation/paiement_places_odt_5janv

Articles précédents : 

Interview des chorégraphes