FacebookODT

La première représentation d’Or des Talus aura lieu le 5 janvier 2015 au Vingtième Théâtre à Paris. Or des Talus est une pièce inspirée d’un roman noir mais poétique de Jean-Louis Carrasco Penafiel pour quatorze danseurs de la compagnie Danse en Seine. Les deux chorégraphes, Jocelyn Muret et Orianne Vilmer, répondent à nos questions. Retrouvez les interviews des artistes associés sur la page dédiée.

Orianne & Jocelyn 2

1. Comment est né le projet Or des Talus?

Orianne Vilmer : Ce projet est né d’une rencontre inattendue avec Jean-Louis Carrasco-Penafiel et de la découverte de son premier roman, « L’Or des Talus ». Lire « L’or des Talus » c’est plonger dans un univers poétique malgré la noirceur des personnages, c’est traverser des sensations étranges car dérangeantes et douces à la fois, c’est se laisser prendre par un tourbillon d’images de sentiments humains.  Après l’avoir lu, il était évident pour nous que l’histoire ne s’arrêterait pas là ! Cette rencontre avec Jean-Louis et avec son oeuvre a réveillé un besoin d’expression artistique en nous deux et nous avons choisi de l’assouvir !

Jocelyn Muret : Très naturellement au contact de Jean-Louis (l’auteur) et Marie (sa femme). Nous en avons appris plus sur l’homme derrière l’écrivain au cours d’un diner estival, le genre de diner qu’on espère sans fin. Quelques heures plus tard, l’idée, encore floue et informe, avait germé dans nos têtes. Au final, c’est autant la violence du roman que la sérénité de Jean-Louis qui nous ont poussé à concrétiser ce projet d’adaptation.

2. Par où avez-vous commencé pour transposer cette oeuvre littéraire dans l’univers de la danse contemporaine? Que retrouve-t-on du récit initial?

Jocelyn Muret : On a longuement hésité avant d’être sûrs d’en faire un projet de danse contemporaine. C’est difficile de faire un choix quand on a une matière si riche à disposition. Et puis, le mouvement s’est imposé peu à peu comme le moyen le plus à même de retranscrire les émotions que nous avions ressenties à la lecture du roman. A la Toussaint 2013, nous avions besoin de nous isoler du tumulte de la vie parisienne, l’île d’Ouessant a été notre première résidence artistique. Libres de toutes contraintes, nous avons couché nos premières idées sur le papier. Rapidement, la pièce à pris corps autour des tableaux qui nous inspiraient, et c’est seulement après que le travail choréagraphique a vraiment commencé. Du récit initial, on retrouve certainement le flot d’émotions contradictoires qui accompagne la lecture, du moins nous l’espérons !

Orianne Vilmer : En effet, le texte étant particulièrement imagé et rythmé, nous avons d’abord eu très envie de l’adapter sous forme théâtrale. Mais ce roman c’est comme un voyage sensoriel et poétique vers un univers où les mots n’ont finalement plus leur place puisqu’ils ont fait leur travail. Le seul relai possible devient le corps, et la création chorégraphique prend alors tout son sens. Certes, on retrouve beaucoup de choses du récit initial mais nous ne vous promettons pas non plus que vous puissiez reconstituer toutes les aventures de Julien. Le roman est un détonateur, mais ensuite il faut prendre ses distances pour conserver l’origine de ce qui nous a secoué jusqu’au besoin de créer à partir de lui. Concrètement, le processus de création a débuté par un travail méticuleux d’analyse du texte. Images, rythmes, mélodie des mots, ambiances, personnages, sentiments… Nous nous sommes appropriés le texte et avons conçu la structure de notre pièce. C’est ensuite lors de l’audition avec les danseurs de la compagnie Danse en Seine que tout a pris vie. Quelques mouvements esquissés, des corps qui se révèlent dans des personnages, des visages qui surprennent… Une fois la distribution réalisée, le projet démarrait réellement !

ODT2

 

3. C’est par le biais des « scènes ouvertes » de Danse en Seine que vous avez pu développer ce projet de création chorégraphique. Quel est le principe et qui peut participer?

Orianne Vilmer : Le programme des Scènes Ouvertes s’adresse à tous les porteurs de projets artistiques qui recherchent un accompagnement. Ils peuvent présenter leur idée, leur démarche et la compagnie Danse en Seine les accueille pour répéter, approfondir et présenter leur travail à un public. Effectivement c’est grâce au programme des Scènes Ouvertes que le projet a vu le jour. Alors que tout était en gestation, nous avons pu rencontrer d’autres artistes, partager nos doutes, réfléchir ensemble aux solutions éventuelles… Une fois que la confiance s’installe, nous avons pris notre envol ! Mais nous gardons un doux souvenir de ces soirées aux Amandiers, à parler du livre, de ce qui nous émeut, de pourquoi il faut impérativement le danser…

4. Travailler en binome avec un autre chorégraphe est un challenge pour de nombreux artistes. Quelles difficultés avez-vous rencontré, et comment les surmonter?

Orianne Vilmer : Nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières. Le travail en binôme est une richesse incroyable : cela permet d’avoir un recul supplémentaire sur la matière qui sort d’une séance de travail. Cela permet de confronter des avis, et donc de les remettre en question pour les assumer d’autant plus. Cela permet aussi et c’est une évidence de se dédoubler lors de répétitions, de s’occuper encore mieux des danseurs. Et puis effectivement comme nous n’avons pas les mêmes formations artistiques, cela permet de se compléter : je suis pour ma part très attachée aux mouvements, aux corps, à l’intériorité tandis que Jocelyn a une vision très claire de l’univers global de la pièce : mise en scène, scénographie, ambiance musicale…

Jocelyn Muret : Nos compétences étant assez différentes et complémentaires, il n’y a pas eu de relations conflictuelles dans l’élaboration du projet. A aucun moment j’ai eu la sensation de devoir sacrifier mes idées ou faire des « compromis artistiques », et je crois savoir qu’Orianne non plus. Le dialogue, l’écoute et la confiance que l’on a l’un envers l’autre ont guidé notre travail. Nous ne nous empêchons jamais de dire que nous ne sommes pas sûrs d’un mouvement, du rythme d’un tableau, d’une phrase particulière…

odt

5. J-80 avant la première le 5 janvier prochain. Quelles sont les dernières étapes avant le grand jour?

Jocelyn Muret : Nous avons créé l’essentiel de la chorégraphie, que nous devons bien entendu encore peaufiner pour le jour J, et nous concentrons maintenant sur la scénographie. Pour qu’un plat soit réussi, il faut un juste dosage de tous les ingrédients. C’est la même chose en danse contemporaine, et plus généralement dans le spectacle vivant, chaque élément est réfléchi comme partie d’un tout cohérent : décors, costumes, lumières, sons, musiques, rythme, etc.

Orianne Vilmer : Les quelques semaines que nous avons encore devant nous vont nous permettre aussi de nettoyer l’écriture, fluidifier la pièce dans sa globalité en travaillant les transitions, et évidemment accompagner les interprètes dans leur incarnation du propos chorégraphique. Rendez-vous le 5 janvier au Vingtième Théâtre !

Or des Talus

Lundi 5 janvier à 20h00 au vingtième théâtre, 7 rue Plâtrières – 75020 Paris

Tarif unique : 16€

Réservations : 

http://www2.danseenseine.org/creation/paiement_places_odt_5janv