Gueule de Loup à La Villette : "On ne sait plus si l’on assiste à un duo ou à un duel"

 

Le 30 mai dernier, dans le cadre de la 9ème Rencontre nationale de danse en amateur et répertoire organisée par le CND, la compagnie Danse en Seine s’est vu offrir l’opportunité de danser dans ce magnifique espace qu’est la Grande Halle de la Villette.

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Photo : Emmanuelle Stauble

Cette rencontre, ouvert à tous les styles, permet à des groupes de danseurs de travailler avec un professionnel du milieu chorégraphique (chorégraphe, interprète, maitre de ballet…), en redécouvrant une œuvre significative de l’histoire de la danse.

C’est ainsi que depuis février, les deux compagnies Danse en Seine et Accords perdus ont eu le bonheur de retravailler avec Christine Bastin, pour la pièce Gueule de loup. La Maison des pratiques artistiques amateurs avait d’ailleurs déjà permis à ces trois entités de se réunir et présenter le 27 octobre 2013 une version revisitée de la pièce que l’on affectionne particulièrement.

C’est donc l’aboutissement d’une formidable aventure entre Christine et ces deux compagnies auquel nous avons assisté, et que d’émotion…

Gueule de Loup est une pièce créée à l’origine pour la biennale de la danse à Lyon en 1992 pour 5 interprètes. Aujourd’hui en 2015, la chorégraphe a réussi le pari de nous refaire vivre la pièce en 17 minutes en l’adaptant pour 9 danseurs, et ce en nous offrant une recomposition d’ensemble, mais en restant fidèle au déroulé de l’histoire.

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Photo : Emmanuelle Stauble

Le rideau se lève et le décor est déjà planté… On plonge dans l’Espagne affamée, où l’on sent tous les personnages très impliqués émotionnellement. Ils sont tous là, misérables, à se côtoyer et se mouvoir dans un même espace de pauvreté, exprimant chacun leur mélancolie, leur joie, leur rudesse d’âme. On assiste impuissant à une scène de chamaillerie qui tourne un peu trop vite à la jeu plus violent, tel un Duende dans une corrida. On voit un homme s’esquintant à se faire remarquer par sa belle, mais en vain. On voit soudain les femmes qui apparaissent ensemble, fortes, puissantes, avançant lentement vers nous, on retrouve dans leurs gestes de la sensualité et de la colère. Le duo final, magique, nous coupera le souffle. Quels sont les sentiments qui habitent cet homme et cette femme, ce mélange de tendresse et de cruauté dans leur danse, dans leurs regards, on ne sait plus si l’on assiste à un duo ou à un duel. On frissonne encore à l’idée de trouver ce final si beau, si ardent et pourtant si dur.

Merci à Christine et aux 9 interprètes qui nous ont offert plus qu’une danse, c’est une histoire et des émotions en furie qui nous ont assaillis pendant 17 minutes.


Alors, c'était comment l'atelier à Robert-Debré ?

Jeudi 28 Mai, Lucille, Camille, Mahaut et moi-même avons eu la chance de passer quelques heures en compagnie d’enfants hospitalisés de l’Hôpital Robert Debré.

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Nous souhaitions proposer trois animations autour des thématiques du mouvement et de l’interprétation, et ce fut mission accomplie ! Garçons ou filles, timides ou téméraires, tous se sont d’entrée pris au jeu…

Dès notre arrivée, nous avons été très touchées par la profonde joie de vivre des enfants et leur capacité à dépasser leurs handicaps. Après avoir fait connaissance, nous leurs avons proposé quelques minutes d’étirement en douceur, l’occasion de focaliser leur attention sur les sensations provoquées par le mouvement, afin que chacun prenne mieux conscience de de ses petits muscles !

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Lors d’un premier atelier, nous avons demandé aux jeunes de reproduire plusieurs mouvements simples à l’aide d’une balle de tennis. Une fois ces quelques gestes enchainés, ils ont ainsi pris conscience de leur capacité à interpréter et danser des gestes basiques du quotidien.

Notre second atelier d’éveil à la danse était centré sur le mime. Chacun devait faire deviner à son tour la colère ou la joie. Cet exercice nous a autant amusé que les enfants ! Il a d’ailleurs débordé sur le mime d’animaux, ce qui nous a permis de partager ensemble sur ce même thème et sa déclinaison en Danse.

En troisième partie, nous avons offert photos et stickers de Danse en Seine aux enfants, ravis, et leur avons suggéré de dessiner leur meilleur souvenir de l’après-midi passée ensemble. Nous vous laissons découvrir les quelques dessins que nous avons pu recueillir... personnellement nous les avons adorés ! Tous témoignent d’un enthousiasme démesuré malgré les difficultés du quotidien.

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En résumé, les enfants ont mieux compris à quel point sont étroites les frontières entre la vie quotidienne et la danse. Et nous concernant, nous avons été comblées par leurs sourires, leur détermination, et leur capacité incroyable à dépasser leur maladie.

Un grand merci à Mahaut d’avoir parfaitement organisé le programme et la logistique de cette belle après-midi ! Un grand merci aux enfants pour ce moment unique et si précieux auprès d’eux !

Lorraine, pour Danse en Seine

En savoir plus : Danse à l'Hôpital


Nomade : un voyage initiatique dédié à la performance artistique

Nomade : nom et adjectif. Se dit des peuples ou des sociétés dont le mode de vie comporte des déplacements continuels.

Nomades, vous le serez le temps du festival éponyme qui se tiendra dans tout le 3ème arrondissement les 13 et 14 juin prochains.

Nomade, c’est un voyage initiatique dédié à la performance artistique, celle qui interpelle, questionne la mémoire, la réflexion, à travers la sensibilité de l’artiste sur la condition humaine, l’environnement, la cité, le pouvoir et les modes de vie.

Des rencontres avec l’art vivant, des tables rondes, vous permettront de mieux connaître cette discipline artistique, cette manière de se concevoir en artiste agissant dans le monde, en dehors de tout contexte scénique conventionnel et procédant d’une démarche de remise en cause radicale des codes établis de la représentation.

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Un théâtre végétal dans un jardin partagé, des lectures dans une pâtisserie, une lutherie monumentale au Carreau du Temple, des couses agrémentées de mouvements de taï-chi au marché des Enfants Rouges, une initiation au street art tout le week-end pour enfants et ados autour de la mairie sur des toiles géantes encadrée par les plus grands grapheurs ! Autant de formes artistiques géniales et surprenantes au gré d’une déambulation originale dans tous les lieux dédiés au festival.

La compagnie Danse en Seine, figure majeure du 3ième arrondissement, se devait de participer à l’événement ! Une dizaine de danseurs investiront donc la Place Nathalie Lemel, samedi 13 juin entre 16h et 17h30 (face au Carreau du Temple) pour une performance « flashmob » inspirée du Re : Rosas. Initié par la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker après le plagiat par Béyoncé de sa chorégraphie originale Rosas Danst Rosas, ce projet chorégraphique a invité chacun à s’approprier ses pas, abandonnant ainsi sa chorégraphie au domaine public !

 Des milliers de personnes, à travers le monde, se sont prêtées à l’exercice. Quoi de plus nomade !

Et samedi 13 juin, les danseurs de Danse en Seine, perpétueront le voyage de ces pas devenus libres au cours d’une performance intitulée Rosas in Progress : « un remix de la précision des mouvements de Keersmaeker liée aux émotions et aux rythmes de la ville, le tout dans notre espace urbain de tous les jours »

Nomades, les danseurs de Danse en Seine le seront assurément, au plus près d’une nature urbaine, en mouvement, où un vent et un sentiment de liberté souffleront jusqu’à la place de la République voisine pour nous rappeler l’importance de l’art vivant pour abolir les frontières.

 Informations pratiques : 

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Samedi 13 juin, plusieurs fois entre 16h et 17h30, parvis du Carreau du Temple, Place Nathalie Lemel

Sites internet : Festival Nomade, Carreau du Temple


Deux nouvelles danseuses pour Or des Talus

Or des Talus revient le 7 juin à la Fête de la Danse, avec deux nouvelles interprètes, Yolaine et Alexandra. Ces dernières semaines, elles ont travaillé dur avec les interprètes à la création pour apprendre leur rôle. Yolaine nous décrit cette expérience.

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Comment s'est déroulée la transmission ?

Des séances de répétition ont été organisées pendant lesquelles Mahaut, dont je danse le rôle le 7 juin, m'a montré sa partition et répondu à mes (nombreuses!) questions. Les autres danseuses de ce tableau disponibles étaient également présentes et ont chacune partagé leurs "astuces", la manière dont elles étaient parvenues à incarner leur personnage et à trouver la bonne gestuelle et l'interprétation juste, lors du travail d'écriture de la scène. Orianne et Jocelyn, les chorégraphes, nous indiquaient les mouvements, les regards ou les intentions qui étaient à préciser pour que nous ayons toutes la même manière de le danser.

Lors de ces séances, les conseils, ressentis, et corrections fusent ; il s'agit donc d'un travail d'apprentissage très riche et intense.

Comment avez-vous vécu de passer de spectatrice à interprète : des choses que vous n'aviez pas perçues dans le public ? Au contraire des réponses à des questions que vous vous posiez ?

J'ai pu voir certaines parties de la pièce aux Scènes Ouvertes puis la pièce complète dans deux théâtres différents. En tant que spectatrice j'ai trouvé que la pièce proposait une atmosphère très particulière qui pousse à se détacher de l'histoire initiale et à réduire au maximum l'intervention de son cerveau qui raisonne, analyse... afin de pouvoir être le plus disponible possible et de se laisser porter par les ambiances proposées dans chaque scène et par son ressenti. Celui-ci nous est propre en tant que spectateur, et peut donc changer d'une représentation à l'autre... On reste très libre de ce que l'on reçoit et de la manière dont on reçoit le "conte initiatique" qui se déroule devant nous.

En tant qu'interprète et surtout en tant que personne reprenant un rôle c'est une toute autre histoire ! :) Il faut comprendre la scène et la manière dont elle a été pensée par les chorégraphes ainsi que les indications d'interprétation afin de s'intégrer au tableau proposé. Ce qui est particulièrement intéressant c'est de savoir par quel processus de travail les danseuses sont passées et quelles images elles utilisent comme support d'interprétation pour ces scènes.

Qu'est-ce qui a été le plus difficile dans la reprise de rôle ?

Intégrer à la fois la gestuelle, les déplacements et les intentions sur un temps de travail assez court. Les interprètes des deux tableaux ont pu travailler et trouver ensemble la précision du geste et de l'interprétation et les ont déjà dansées sur scène. Remplacer l'une d'elle nécessite d'être directement attentive à tous les paramètres dès la première séance de travail : mouvements, regards, intentions, retours des chorégraphes par rapport à ce qu'ils ont vu aux représentations précédentes... afin de respecter la rôle de la personne remplacée. C'est un travail très intéressant  et c'est très agréable d'être entourée de personnes qui ont à cœur de nous aider à mieux comprendre notre rôle ! Cela demande également beaucoup de concentration et on se demande toujours un peu si on va réussir à tout intégrer à temps afin d'être suffisamment à l'aise et juste sur scène...!

Informations pratiques :

Or des Talus, le dimanche 7 juin à 16h au Centre Les Halles Le Marais


Jessica, notre bénévole du mois

IMG_7622Quel est ton rôle dans l’association ?

Mes premiers pas au sein de l’association étaient en 2014 avec le projet Danse, Ecole et Opéra en fin d’année et l’organisation du spectacle « Belle Petite Monde ». J’aidais alors aux répétitions de la chorégraphie avec les enfants de l’école des Amandiers. J’ai par lasuite accueilli les invités pour le spectacle Or des Talus au Vingtième Théâtre et à la projection du documentaire Comme ils respirent au Carré Baudoin. Ces trois évènements, qui ont eu lieu sur 2-3 mois m’ont bouleversé de par leur beauté créative mais aussi par l’émotion partagée autour de valeurs tellement humaines.

J’ai découvert les bénévoles et j’ai été frappée par leur extrême motivation et implication dans les divers projets. Tous transpirent la passion.

Depuis le début d’année 2015, je suis devenue Responsable Billetterie. Cela comprend l’organisation en amont des invitations et l’accueil pour les différents évènements de l’association. Cela me permet également de découvrir les coulisses des divers endroits de représentation, et surtout de faire partager mon enthousiasme autour des œuvres artistiques créées ou mises en avant par l’association.

Que fais-tu dans la ”vraie vie” ?

Je travaille dans une agence de design. Mon rôle, outre les finances et les ressources humaines, est de coordonner le bon fonctionnement de l’agence. J’aime l’idée d’être au service de mes collègues pour qu’ils travaillent dans les meilleures conditions possibles. Cela passe par l’organisation de petits déjeuner jusqu’à la prévision de budget pour des augmentations.

Ce secteur me correspond également : il est très culturel, perfectionniste et perpétuellement en mouvement.

 Comment as-tu connu Danse en Seine ?

Je sentais depuis quelques temps l’envie de devenir bénévole, de partager, donner et recevoir gratuitement. Dans notre société actuelle, ce sont des choses que l’on a tendance à oublier. La danse est ma passion mais au début je ne voyais pas comment allier cette passion à mon besoin de me rendre utile, de contribution sociale. Lors de mes recherches, je suis tombée sur le site de Danse en Seine, et ce fut un choc : « faire de la danse un vecteur de lien social » est l’une des premières phrases sur le site, et cela correspondait exactement à mes attentes. L’engagement et les actions sociales que propose l’asso m’ont tout de suite séduites et j’ai postulé presque simultanément pour rejoindre l’équipe de bénévoles. Après réflexion, j’ai pu faire le lien avec d’anciens évènements dont j’avais entendu parlé.

Aujourd’hui je fais partie de l’équipe, et j’en suis super fière. Je donne de mon temps, je partage et cela me procure un bien fou !

Peux-tu résumer l’association en 3 mots ?

Créer des émotions.


Or des Talus à la Fête de la Danse !

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Or des Talus repasse à Paris, c'est la dernière représentation avant la tournée en Avignon et à Toulouse, profitez-en !

Dans le cadre de la Fête de la danse - Entrez dans la danse, la compagnie Danse en Seine présentera

  • un extrait d'Or des talus : "La Cavale" à 14h20 en Place Basse UGC Cité Ciné, quartier de Bercy Village et Parc de Bercy, 75012 Paris Accès : Métro Cour Saint-Emilion, ligne 14 / Bus : 64 ou 24

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  • le spectacle intégral Or des Talus à 16h Centre d’Animation Les Halles Le Marais, 6/8 Place Carrée Porte St-Eustache Niveau – 75001 Paris Accès : Métro/RER Les Halles, sortie Place Carrée

Pour cette date, l'équipe d'origine se retrouve et accueille Yolaine et Alexandra !

Pour en savoir plus :

- l'interview de la chorégraphe

- le site d'Entrez dans la Danse

 


Visite du carreau et Festival Plans d'Avril !

Dans le cadre du projet Dansons les Amandiers, Danse en Seine organisait une sortie le vendredi 24 avril au Carreau du Temple avec les enfants de l’école des Amandiers. Maëlle nous raconte leur visite de ce superbe lieu récemment rénové de 6500m2 entièrement dédié à la culture mais aussi aux activités sportives.

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Il est 17h30 tapantes quand les enfants entrent à l’intérieur et commencent leur visite par la découverte de l’immense halle rempli d’histoire. Après avoir bien regardé la halle, ils sont rapidement sollicités pour répondre à quelques questions. Ce que le lieu leur inspire, à quoi servait ces halles, qu’y vendait-on, etc. Les enfants se sont vite pris au jeu, impatients d’apprendre de nouvelles choses.

Puis vient le moment de pénétrer dans les sous-sols du Carreau, où l’on y découvre une multitude de salles pour diverses activités, telles que la gym suédoise, l’aikido, danse contemporaine, hip hop ou on peut encore louer un studio d’enregistrement ou même des locaux pour sa compagnie. Les enfants découvrent ainsi les spécificités du Carreau et sont sensibilisés aux différents métiers de la scène.

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Vient le moment de remonter et de faire une petite pause en regardant les répétitions du spectacles de danse “De la paillette à la sueur” menées par le chorégraphe K Goldstein. Pendant ce temps là, les parents des enfants assistent au spectacle étonnant de Ivana Muller intitulé “We Are Still Watching”, spectacle participatif où les spectateurs lisent un scénario, et interagissent ensemble. Grands et petits se retrouvent ensuite pour un pique nique au Square du Temple. C’est l’occasion de se restaurer tout en révisant leurs connaissances fraîchement acquises durant la visite. Un quizz leur est alors proposé, les enfants ont à coeur de répondre pour montrer qu’ils ont bien retenu tout ce qui leur a été dit durant la visite. Puis vient l’heure de devenir spectateur, pour le spectacle  “De la paillette à la sueur” où plusieurs danseurs de Danse en Seine participent.

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Nous sommes tous assis, regardant le film projeté au fond de la salle avec une DJ qui met l’ambiance et appelle les danseurs un à un à rejoindre la piste. Ils viennent donc faire quelques pas de danse en guise de présentation. Ils incarnent chacun une pop/rock star : voici Beyoncé avec sa gestuelle et sa danse, ou encore Ian Curtis qui se jette à terre feignant une crise d’épilepsie... Les danseurs s’approprie réellement leur personnage. La première partie fait penser à un spectacle de danse très dynamique, carré, plein de strass alors que vient ensuite la deuxième partie plutôt performative et avec un parti pris très éloigné de la première.  Le spectacle se finit évidemment par des applaudissements bien mérités, la musique continue et les danseurs invitent sur la scène le public. Petit à petit tous le monde rejoint la piste de danse ainsi que les enfants pour danser  jusqu’au bout de la nuit !

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Du Buto à Cosmo

Dix des danseuses de Danse en Seine ont répété intensément pendant le mois d'avril pour le premier court-métrage de Danse en Seine. Créé dans le cadre de Dansons les Amandiers, le tournage aura lieu fin 2015. Alexandra nous en dit quelques mots. 

Imaginons que les spectres d’êtres à la beauté plus que parfaite inondent notre quotidien, qu’ils soient présents monumentalement quand on prend le métro le matin pour se rendre au boulot par exemple, qu’ils se bousculent sur les pubs de notre écran d’ordinateur, ou encore qu’on les retrouve en couverture de tous les magazines ... magazines qui se targueraient d’ailleurs de posséder la recette miracle pour nous permettre d’être leurs semblables. Bref, un déferlement et une pression tels que cette beauté surnaturelle deviendrait, penserions- nous, la norme à atteindre.

Loin d’être de la science-fiction, ce quotidien est en fait celui que nous partageons tou(te)s. C’est en partant de ce postulat que le réalisateur Jacques Simon a décidé de s’associer à Danse en Seine et à la chorégraphe Sandra Français pour créer un court-métrage qui se penche sur les effets des médias modernes sur les femmes et la vision qu’elles ont de leur propre estime.

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Répétition publique le 12 avril

Jacques, avec l’aide de la scénariste Elizabeth Breiner, a décidé de traiter le sujet de manière comique, satirique même, dénonçant ainsi de manière encore plus corrosive et dramatique la pression exercée sur la gente féminine. Et l’idée de raconter cette histoire par la danse était toute naturelle, le corps en mouvement permettant d’incarner au mieux, cette lutte incessante et acharnée pour accéder à la perfection.

L’audition organisée pour trouver les « comédiennes/danseuses » nous avait déjà donné le ton. Outre nos qualités techniques de danseurs, il nous a été demandé un réel travail d’interprétation. Dans le désordre, nous avons été tour à tour des poupées Barbie, des pantins desarticulés, des mannequins épuisés par le poids métaphorique de la perfection inatteignable, des êtres qui passent de la torpeur au rire, des larmes à la rage, de la colère à la folie, en une fraction de seconde. Un travail à la fois étrange et fascinant.
Puis sont venus les deux sessions de travail en groupe. Orchestrées par le duo Sandra et Jacques, ces sessions ont été intenses en recherches et en improvisations.

Pendant que Jacques envisageait déjà sa mise en scène et ses cadres de caméra, Sandra partait du Butō pour nourrir notre imaginaire : c'est une forme de danse/théâtre avant-gardiste japonaise permettant au corps de parler pour lui-même à partir de mouvements primaires, voire grotesques, sans se soucier d’aucun esthétisme.

Cela nous a aidé à trouver la matière chorégraphique afin d’incarner toutes les phases de transformation en Beauté Parfaite : les différents types de régimes, même les plus incongrus – dormir pour ne plus manger, avaler un ver solitaire qui pompe les calories ... pour n’en citer que quelques-uns –, l’épilation douloureuse, le maquillage éclatant, l’hydratation corporelle à base de crèmes et de concombres... sans oublier l’apprentissage pour devenir des êtres à la fois désirables et formatés.

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Sandra s’est chaque fois basée sur nos trouvailles pour créer des phrases chorégraphiées. Ce qui rendait le travail d’autant plus passionnant. L’énergie de Sandra, son sourire et sa bienvaillance constante, alliés à la détermination et aux géniales idées de Jacques sont un réél catalyseur de créativité. Nous formons une équipe soudée , avançant dans la même direction, avec la même envie et le même bonheur. Les échanges fusent et sont riches !

Travaillant moi-même dans le cinéma (je suis assistante réalisateur et ai réalisé deux courts-métrages), c’est forcément un immense plaisir d’avoir l’occasion de lier mes deux passions, et d’assister à toutes les étapes d’un tel projet, de sa genèse au résultat final. C’est également très amusant d’envisager, dès en amont, la chorégraphie sous l’œil de la caméra. Il faut tout de suite penser aux faisabilités des mouvements dans le cadre, aux effets spéciaux éventuels. C’est à la fois contraignant et grande source d’inspiration.

C’est donc un travail différent de la création d’une pièce chorégraphique qui aurait pour ambition d’être jouée sur scène, dans une cohérence générale. Ici, il est question de phases successives, qui doivent impérativement être efficaces dans un laps de temps très court. Nous avons évidemment hâte de la suite et de tout vous dévoiler !


Delphine, notre bénévole du mois


1. Quel est ton rôle dans l’association ?IMG_7579

Depuis 1 an et demi, Danse en Seine a peu à peu investi ma vie. Au début j’intervenais plutôt ponctuellement : un atelier à l’hôpital, un coup de main par-ci par-là… Le plaisir aussi de retrouver sous leurs casquettes bénévoles les danseurs que je côtoyais pendant les cours. Puis je me suis laissée embarquée dans le projet Danse, école & opéra : participer à la création d’un spectacle autour de la Grande Guerre avec des enfants de 5 à 13 ans, c’était une sacrée expérience !  Puis finalement me voilà toute fraichement intégrée à l’équipe artistique, au poste de chargée de diffusion.

En parallèle j’ai la joie de participer à la création de Danse en Sept, dont l’implication en tant que danseuse est enrichie du volet solidaire du projet, auprès du quartier des Amandiers. En cela Danse en Seine offre une vaste palette d’actions bénévoles et de niveaux d’engagement. Le CA arrive à composer avec les impératifs et compétences de chacun pour que l’on donne le meilleur… Une équipe épatante !

2. Que fais-tu dans la ”vraie vie” ?

Ma vie professionnelle est justement animée par le désir de créer des ponts entre les besoins associatifs et les ressources de la société civile : je coordonne des actions de mécénat, j’allie communication & collecte de fonds, en particulier pour nouer des partenariats entre ONG & entreprises et mobiliser les collaborateurs de ces dernières à s’investir dans des projets d’intérêt général.

J’ai aussi accompagné des chorégraphes notamment dans la structuration de leur diffusion. J’espère ainsi que mon nouveau rôle apportera son lot de « oui, Danse en Seine, je vous veux dans ma programmation » ! ;)

3. Comment as-tu entendu parler de Danse en Seine ?

Sur Internet, une vidéo de la pièce Agatha (création 2013) a attiré mon attention, alors que je cherchais à rejoindre une compagnie de danseurs amateurs. Lorsqu’en parcourant le site j’ai découvert les interventions auprès d’enfants hospitalisés, mon cœur s’est emballé. Un écho à un vécu personnel fort et une bonne dose d’admiration, tant je sais qu’il n’est pas donné à tout le monde d’intervenir dans les services pédiatriques pour enfants. Pour moi qui ai construit une bonne partie de mon parcours professionnel en association, Danse en Seine a été une belle surprise, sacrément structurée alors que 100% bénévole. Je suis ainsi entrée dans l’aventure avec une profonde confiance. Je me rappelle comme si c’était hier de son accueil chaleureux mais surtout, du professionnalisme avec lequel l’association avançait, muée par des bénévoles à la synergie bluffante. Pour moi qui ai construit une bonne partie de mon parcours professionnel en association, je suis entrée dans l’aventure Danse en Seine avec une profonde confiance. Une confiance aujourd’hui enrichie d’un petit bout de chemin commun, d’expériences extraordinaires, d’un agenda collectif pas toujours facile à goupiller… qui nourrissent un solide désir de partager plus encore et de faire connaître cette association si généreuse !

4. Peux-tu résumer l’association en 3 mots ?

INCUBATEUR de CŒURS en MOUVEMENT !


Dance is the new Black

Les portes s'ouvrent et se referment derrière vous. Des grandes clés en fer, de grandes grilles du sol au plafond éclairées par la lumière artificielle. Vous êtes à la Maison d'Arrêt du Bois-d'Arcy. Une forteresse enfoncée dans le sol, toute de béton et de barbelés. Et de vie aussi.

Tout le mois d'avril, huit bénévoles de Danse en Seine se sont succédés le samedi matin pour animer des ateliers danse en prison, menés par Léa, de l'association Champ Libre. Avec un peu de théorique, mais surtout beaucoup de pratique, les quatre matinées ont été consacrées à transmettre le travail d'Anne Teresa de Keersmaeker.

Avant d'entrer, il y a l'arrivée jusqu'à la salle : "marche depuis le RER, portail, marche dans l'enceinte dehors, identité, casiers, portique, couloir, bip porte, escalier, bip porte, gardien" entonne Yolaine. Pour certains, c'est la première fois, pour d'autres une sensation renouvelée : "C'est la deuxième fois que j'anime un atelier à Bois-d'Arcy. La première fois, j'avais été très marquée par l'odeur : un mélange d'aseptisé et de transpiration. Cette année, la sensation est encore indemne : on sent cette volonté de lisser et le vivant qui persiste", se souvient Camille. Pour les "nouveaux, c'est la salle des machines qui marquent les esprits : "magistrale, cinématographique, labyrinthe raisonnant" nous décrit Mathilde. Un contraste d'autant plus saisissant quand vous entendez la surveillante saluer son collègue d'un "bisou sur la fesse gauche".

"C'est fantastique lorsqu'à la fin de l'atelier on les voit sur les chaises, fiers de connaitre les mouvements, de les avoir modifiés et de danser tout simplement. La beauté du mouvement dans ces moments-là suspend le temps et j'étais en admiration devant ces hommes plein de vie." explique Camille. Et les bénévoles ne tarissent pas d'adjectifs pour décrire les détenus : "à l'aise, bavards, polis, curieux, drôles, enthousiastes, intelligents, disciplinés, touchants", mais aussi "impliqués, ouverts, souriants et volontaires" et "créatifs, imaginatifs et attachants". Et puis la surprise aussi : "je ne m'attendais pas à ce que la pratique de la danse contemporaine plaise autant, qu'ils se prêtent si facilement au jeu" commente Anne-Sophie.

L'atelier pratique s'articule autour de la transmission de Rosas danst Rosas, mais dans une version adaptée : les détenus proposent leurs mouvements, leur propre rythmique, et font même des impros. "Ils ont aussi donné beaucoup d’idées et pris à la fin pas mal d’initiatives" sourit Elsa.

Les bénévoles quittent le lieu avec "la frustration de ne pas pouvoir les emmener plus loin de ce travail, alors qu'ils en ont tous les capacités et l'envie" comme le dit Léonard, mais aussi "la force lorsqu'ils dansent tous ensemble". L'écureuil frappe à la porte, on se sert la main, on se dit au revoir, et on repart à son quotidien. Le leur est une cellule partagée de quelques mètres carrés.

En savoir plus : Danse & Détention, les autres projets solidaires de Danse en Seine, Champ Libre.