Le dernier cycle des ateliers artistiques démarre le 1er juin prochain avec la chorégraphe Orianne Vilmer, découvrez son univers !

crédit photo : Emmanuelle Stauble

Quel est ton univers chorégraphique ?

Lorsque je travaille sur une nouvelle création, j’aime explorer des états émotionnels extrêmes et découvrir comment ils se traduisent en états de corps singuliers. J’aime écrire des matières à la fois chargées et intenses dans l’investissement corporel qu’elles nécessitent, et sensibles dans les abandons fragiles qui viennent rompre cette puissance déployée par le corps. Ces deux axes de tension, la puissance et la vulnérabilité, sont peut-être l’incarnation physique de ce qui me fascine dans le paradoxe de l’âme humaine : cette bestialité archaïque qui nous rend fragile, bien que violent, qui co-existe avec cette foi aveugle en l’amour inconditionnel qui nous rend presque indestructible.
Dans cette recherche, j’aime lire les ouvrages d’auteurs qui fouillent l’âme humaine dans tout ce qu’elle a de plus noir et d’effrayant mais qui trouvent en chacun de leurs personnages ces failles qui pour moi sont des raisons d’espérer. En fait, ces univers artistiques très noirs où malgré le chaos, la poésie émerge, m’inspirent.
Je crois que dans ma démarche naturelle de création, tout part d’un détonateur émotionnel personnel. Cette émotion est évidemment universelle et la première étape de recherche consiste à identifier les histoires de vie et les situations courantes dans lesquelles elle se manifeste puis cibler l’une d’entre elles. Ensuite viennent des « images » d’une atmosphère, une impression générale du cadre dans lequel la création doit évoluer, basée sur des intuitions et des ressentis, dans un premier temps, puis dans une construction plus consciente de la scénographie dans un second temps. Une fois ce détonateur identifié, et cette atmosphère « dessinée », je peux enfin rentrer dans la recherche chorégraphique. J’aime particulièrement écrire la matière corporelle dans son détail à la fois mécanique et sensoriel. Sentir le plaisir de la chair qui s’étire dans des torsions, explorer des points d’équilibres impossibles, décortiquer la métamorphose d’un corps plein et ultra-connecté aux sensations… Avec un peu de recul, ma démarche me rappelle celle que j’aime en tant que spectatrice face à des productions artistiques gigantesques : cette impression immédiate qui vous saisit et le plaisir d’aller explorer le micro-détail des matériaux, des couleurs pour en imaginer les intentions profondes.

Peux-tu nous dire quelques mots sur ta création en cours ?

Je travaille actuellement sur un solo pour l’écran. Le point de départ était très personnel. Comment cohabitent cet amour inconditionnel et totalement excessif qu’on ressent pour ses enfants avec notre animalité ? Et ce point de départ m’a amenée vers des questions dramatiques comme la violence infantile et même l’infanticide… Mais je ne suis qu’au début de la route donc je ne peux pas en dire beaucoup plus à ce stade.
Je travaille également sur un projet de recherche artistique qui me passionne et qui consiste à repenser la construction d’une œuvre chorégraphique pour qu’elle ne soit pas regardée, mais perçue par d’autres canaux sensoriels, et donc soit ainsi accessible dans leur essence et dans leur globalité à des personnes aveugles ou malvoyantes. Cela remet en question de nombreux automatismes et bouleverse complètement mon rapport à la danse : qu’est ce qui peut être perçu d’un geste, comment créer l’univers artistique autrement que par ce qu’on voit, comment inventer une forme artistique adaptée pour être dansée et reçue par des personnes qui ne voient pas ?

Quels ateliers as-tu prévu avec les danseurs de Danse en Seine ?

J’aimerais profiter des ateliers Danse en Seine pour avancer dans cette nouvelle recherche artistique. Les ateliers me permettront d’expérimenter avec les danseurs une nouvelle manière de diriger la recherche corporelle, de fixer le mouvement, de façonner l’espace, de construire une scénographie sensorielle, et de ressentir la proposition à défaut de la regarder… Bref de revisiter les différents concepts inhérents à la création chorégraphique en étant privés d’un sens, et donc beaucoup plus à l’écoute de tous les autres !

 

Informations pratiques :

Le cycle aura lieu les mercredi 1, 8, 15, 22, 29 juin 2022 au Carreau du Temple.

Les ateliers artistiques ont pour objectif le développement des danseurs par l’expérience de création et de recherche avec des jeunes chorégraphes.

– Atelier hebdomadaire : le mercredi de 20h30 à 22h au Carreau du Temple (Studio de Flore, Carreau du Temple, rue Eugène Spuller 75003 Paris) ou les mardi à La Petite Fabrique
– Inscription annuelle : 280€ ou au cycle de 5 ateliers : 50€.
– Adhésion obligatoire : 20€ / 15€ (chômeurs, RSA, étudiants)

A bientôt en studio !