Année : 2015

Saison 2015-2016 - Opéra National de Paris : abonnez-vous avec Danse en Seine !

La saison 2015-2016 du ballet de l’Opéra de Paris a été dévoilé en février dernier, et les abonnements sont déjà en vente. 

Danse en Seine a choisi les quatre spectacles ci-dessous. Intéressés par un abonnement groupe pour aller les voir avec nous ? Envoyez-nous un mail à danseenseine@gmail.com.

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Chairs incarcérées : prolonger la réflexion

En pleine préparation des ateliers en prison, Danse en Seine vous propose de prolonger le billet que nous avait livré Anne-Sophie sur le travail de Sylvie Frigon, criminologue et chercheuse canadienne, et de Claire Jenny, chorégraphe française, à l'occasion d'une rencontre-débat en décembre dernier.

La préparation des interventions au centre de détention de Bois d'Arcy amène les bénévoles à se poser des questions sur certains aspects du travail chorégraphique en milieu carcéral. Nous pouvons éclairer notre réflexion à la lumière du texte écrit à quatre mains par les deux femmes, Chairs incarcérées, une exploration de la danse en prison. Voici ce que nous en avons retenu.

Le corps dans l'histoire de la criminologie

La réflexion se porte en premier lieu sur le corps en détention hors de toute approche artistique, ce qui permet de rappeler que cette notion fait problème en détention, dans un lieu et une temporalité qui justement contraignent le corps et empêchent son mouvement.

Sylvie Frigon évoque la perception du corps à travers l'histoire de la criminologie : sans cesse examiné, il est disséqué par la science afin de déceler des analogies entre corps du criminel et crime, et ainsi établir une typologie. Cette tendance à la classification, chère aux scientifiques du XIXe siècle, cherche à reconnaître dans certains traits physiques les signes de la criminalité. Sont alors particulièrement mis en avant les marqueurs de la dégénérescence, de l'anormalité – et notamment chez les femmes tout trait de masculinité prononcée (les criminelles seraient ainsi plus poilues). La corruption physique montre la corruption morale et psychologique, et renvoie encore aujourd'hui à une image du détenu plus négative que celle des autres citoyens, conduisant parfois à des traitements spécifiques en prison visant le rabaissement de l'individu. Le corps participe ainsi d'une perception dévalorisée des détenus.

Corps et santé en prison

Le livre développe une deuxième approche du corps, cette fois fondée sur la santé corporelle liée à l'enfermement. Les détenus, dès avant l'incarcération, connaissent une santé précaire, qui fragilise leur corps. Divers troubles ou addictions se trouvent déjà présents chez les personnes avant leur détention. L'enfermement ajoute d'autres problèmes de santé (notamment psychologiques, ou liés à l'insalubrité des prisons), mettant en jeu le corps avec l'environnement, soit par sa négligence, soit par son isolement. Le corps devient un signe de l'état d'enfermement et reflète les sentiments vécus. En outre, la prison amplifie cet état : l'enfermement imprime dans le corps des tensions, le désincarne, dans un processus de mortification. Le corps devient un site de contrôle (par le système carcéral) et un site de résistance (pour la personne détenue), selon les termes et le point de vue de Sylvie Frigon et Claire Jenny.

Le corps comme site de contrôle

Les deux auteurs reprennent Foucault et sa théorie considérant l'enfermement comme concepteur de procédures participant à l'assujettissement des corps pour les rendre à la fois dociles et utiles. Pour Sylvie Frigon et Claire Jenny, c'est manifeste dès l'entrée en prison : le fonctionnement carcéral s'attaque au corps par des « rituels » de dégradation (dépouillement de l'identité, déshabillement devant des inconnus, douche avec des produits désinfectants, interdiction des bijoux…), d'humiliation (fouilles corporelles jusqu'aux parties intimes). L'incarcération  produirait alors une identité corporelle singulière : un corps qui ne s'appartiendrait plus. L'individu perdrait le sentiment de soi, le sentiment d'exister. Il perdrait également le contact corporel. Ne subsisteraient que des rapports tactiles violents : le froid de la douche, les coups, les fouilles, l'absence de toucher. Le corps entre alors en résistance.

Le corps comme site de résistance

Le corps est un outil de la résistance à l'aliénation engendrée par la prison : tatouage, grève de la faim, grève de l'hygiène, masturbation (souvent prohibée), sport, relations intimes, auto-mutilations… C'est une forme de marquage de l'expérience d'enfermement et de ce qu'elle fait traverser. La peau est le dernier espace du corps dont le détenu peut disposer.

Les moyens de résistance, et notamment les violences exercées à son propre corps, jouent un rôle ambivalent : à la fois signes d'une situation de détresse, ils fabriquent aussi du sens quand le détenu a perdu ses repères et le contrôle de son corps. En outre, ces formes de résistance sont un refuge, une stratégie de survie, car le détenu peut ainsi en faire un exutoire à la colère, à la frustration.

La danse en prison

Considérée comme « un travail d'urgence » selon le chorégraphe François Verret, la danse en prison revêt une signification paradoxale : toute peine de prison est d'abord une peine corporelle, dans un espace contraint, un temps dilaté, une perte de sens.

Danser en prison n'est pourtant pas une activité nouvelle et beaucoup de pays ont développé des programmes en milieu carcéral. Divers objectifs sous-tendent ceux-ci : favoriser la réhabilitation et la réinsertion dans la communauté, proposer un divertissement sain et une activité physique positive, développer des compétences, reprendre contact avec le corps et l'esprit, contrer la violence, initier une thérapie, exprimer des émotions…

Cette activité prend aussi différentes formes d'ateliers, et les auteurs du livre citent :

  • les Philippines, où certaines prisons obligent la pratique de la danse 4h par jour avec création d'un spectacle public ;
  • l'Inde, où des cours de yoga ou de danses traditionnelles sont organisés ;
  • les Etats-Unis, où plusieurs programmes visent à la réinsertion, sur la longue durée ;
  • le Canada, où des ateliers sont organisés, avec représentations publiques.

Le travail chorégraphique en détention

Les parcours de vie des individus empêchent leur quiétude et leur mobilité. Cela a des conséquences sur leur corps : son équilibre, son identité, son altérité, son contact, sa capacité à apprendre et transmettre, sa mémoire. Se posent alors avec acuité des questions simples : qu'est-ce qui fait qu'on tient debout, en équilibre et en interaction harmonieuse avec notre environnement ? La sensation d'équilibre suppose un axe serein des pieds à la tête, avec un regard horizontal ; or, le corps des détenus ne se lâche pas. L'équilibre n'est pas figé, il permet de se projeter au-delà, dans l'espace ou dans la rencontre. Comment donner le poids de son corps, recevoir celui de l'autre, faire un transfert d'appuis ? Les détenus font ainsi un « pèlerinage » dans un corps qu'ils redécouvrent, qu'ils ne connaissaient plus, qu'ils vont se réapproprier : ils réapprennent à lâcher prise, s'abandonner, glisser au sol, chuter, se déposer, trouver un état de calme et du plaisir.

Les exercices de Claire Jenny sont faits pour que les prisonniers s'expriment, que la danse soit un moment d'extériorisation, ou une parenthèse pour souffler, ne pas être dans un rapport de forces permanent. Les jeux sur le mouvement des trois volumes du corps (bassin, thorax, tête), l'expérimentation de l'équilibre assis ou debout, les jeux de regards à deux ou bien seul en s'emparant de l'espace et en levant la tête (alors qu'il est, dans certaines prisons, interdit de regarder un gardien dans les yeux en France) sont autant de façons de trouver une estime de soi, de réapprendre l'amplitude du mouvement, l'étirement, la projection. Et de contrer l'habitude des espaces étriqués, qui entraîne des mouvements resserrés chez les détenus.

La danse est également un espace pour réapprendre la confiance en soi et dans l'autre. Cela se transmet chez Claire Jenny par un travail de massage (auto-massages, puis se laisser masser, puis masser l'autre), qui se révèle d'abord perturbant pour les détenus, avant de devenir jouissif. Il faut faire preuve d'une grande retenue pour effacer les tabous puis créer la confiance et le respect nécessaires à ces moments. Et avec la confiance vient la conscience de faire partie d'un groupe tout en se percevant soi-même de façon positive, revalorisée. Les détenus dévoilent entre eux leurs bons côtés.

Pour la chorégraphe Claire Jenny, les vécus du corps sont de plus en plus brimés, aussi bien en prison que pour les individus libres de leurs mouvements. Il y a une altération de la relation au monde par le corps.

Du point de vue des intervenants

Les artistes, au début, sont moins à l'aise que les détenus. L'atmosphère lourde de la prison, la tension pèsent sans que les artistes s'en rendent compte sur le moment. Ils éprouvent un épuisement a posteriori. Ils voient dans le corps des détenus les marques de la tension, les problèmes vécus : leur corps est très rigide et des mouvements simples deviennent impossibles : marcher avec un regard à l'horizontale, se laisser toucher, danser pieds nus, ouvrir la cage thoracique avec les bras écartés. Ces mouvements sont bloqués, engendrent douleurs et nervosité, et la pratique intensive de la musculation (souvent sans conseil) accentue cet état. Le corps sportif est valorisé en prison, pas le corps non sportif sensuel.

Les sensations et les perceptions sont bouleversées : temps hyper réglé et en même temps très instable (les détenus ne savent pas ce qui va se passer d'un jour à l'autre) qui maintient dans un état de tension extrême ; mélange d'espaces immenses et vides (halls, circulations) et d'espaces minuscules (les cellules) où se trouvent les individus, qui provoque une sensation de vertige ; réverbération du son, absence de silence. Et l'espace qui résonne, c'est toujours la prison, donc l'image de la prison est toujours présente, on ne peut l'oublier quand on se trouve à l'intérieur.

Les artistes, dans le contexte carcéral, se posent toujours des questions : qu'est-ce qu'on fait ? Avec qui ? Comment faire goûter la danse à des personnes qui ne sont pas dans cette culture-là ? Comment ne pas s'imposer et permettre aux détenus d'être créateurs ? Quel rapport établir avec des femmes qui ne voient pas d'hommes, des hommes qui ne voient pas de femmes ?

Concernant le travail chorégraphique, les intervenants sont très frappés par l'implication des détenus : c'est très chargé émotionnellement, ils prennent tous les risques et se montrent à leurs co-détenus dans leur vulnérabilité.

Le savoir-être des artistes

Les intervenants ont une grande responsabilité artistique et humaine : ils doivent prêter attention à la réception du projet et des propositions chorégraphiques par les détenus, être à l'écoute, et se mettre en question en permanence : jusqu'où va-t-on dans l'implication sociale ? Comment ne pas manipuler les personnes ? Explorer la liberté du corps en détention comporte des risques, il faut rester lucide face à ce paradoxe, afin de ne pas blesser des détenus déjà meurtris dans leur corps par leur parcours de vie.

Sylvie Frigon et Claire Jenny soulignent l'importance d'expliquer pour créer un climat de confiance. Selon les personnes, soit les danseurs prennent l'initiative d'aller vers et de prendre contact physiquement avec l'autre, soit ils attendent, ne s'approchent pas pour éviter que l'autre se rétracte. On explore ici la frontière ténue entre l'invitation et l'intrusion dans le corps de l'autre. La préparation des intervenants reste alors importante afin de savoir être présent simplement sans attendre quelque chose de précis des autres.

Conclusion

La danse permet aux corps en prison de se déverrouiller. Elle constitue un outil de reconquête de soi et d'analyse de la prison. Elle est donc subversive et paradoxale.

Dans cette démarche, le savoir-faire et le savoir-être des intervenants extérieurs sont essentiels : conscience du contexte singulier, lucidité à l'égard du paradoxe inhérent à cette pratique, vigilance face à la vulnérabilité des personnes détenues.

Enfin, créer dans ce contexte singulier pose deux questions :

- le travail artistique réalisé en prison ou sur la prison relève-t-il du travail social ou du domaine artistique ? Faut-il opposer ces deux aspects ?

- comment ne pas instrumentaliser les détenus ?

La danse offre un espace de liberté, une reprise de contact avec le corps, un éveil sensoriel, une remise en forme de corps coincés, anesthésiés, souffrants ; c'est un contact – intime – avec l'autre. C'est aussi du plaisir, et de la résilience, de la résistance douce.

Si les ateliers que Danse en Seine propose le mois prochain à Bois d'Arcy sont bien plus modestes que les projets menés par Claire Jenny, on peut néanmoins y trouver matière à réflexion quant au contexte dans lequel nous nous apprêtons à plonger. Cette lecture alimente également nos questionnements sur la place de la danse et le rôle qu'elle est capable de jouer pour les détenus. Cela n'est pas sans influence sur la préparation de nos interventions et la façon d'aborder notre position ou notre attitude à prévoir. Ce texte, en tout cas, renforce en nous l'intime conviction de la légitimité et de l'importance de ces ateliers en prison, pour le public auquel ils sont destinés mais également pour les bénévoles Danse en Seine qui y sont impliqués, en même temps qu'il suggère des développements possibles pour faire évoluer le projet.


Festival Les Plans d'Avril : découvrez le chorégraphe K Goldstein !

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Dans le cadre du projets Dansons les Amandiers, Danse en Seine organise une sortie le vendredi 24 avril au Carreau du Temple.

Les élèves de l'école des Amandiers et leurs familles visiteront l'établissement en compagnie de l'équipe du lieu et seront ainsi sensibilisés aux différents métiers des entreprises culturelles (régisseur, technicien lumières, communication, etc.).

Cette sortie se poursuivra par une invitation au spectacle "De la paillette à la sueur", restitution d'un travail mené par le chorégraphe K Goldstein avec des danseurs amateurs, notamment de la compagnie Danse en Seine.

Véronique Hubert, plasticienne vidéaste, et K Goldstein, chorégraphe, désirent interroger la notion de spectacle lors d’une performance pendant les Plans D’Avril 2015. Le mix de V. Hubert sera un mélange synchronisé de sons, d'images animées et de littérature. Ce montage audiovisuel rythmé par des comédies musicales, des chorégraphies contemporaines, des intrigues cinématographiques, des vidéos d’artistes contemporains articulera cette année un projet performatif du chorégraphe K Goldstein / Cie KeatBeck. La matière corporelle de la performance sera travaillée sur 4 ateliers chorégraphiques de 4h avec 10 à 15 amateurs ayant déjà une pratique corporelle. Ils travailleront en collaboration pour interroger le monde du spectacle, l’univers de la représentation et créer une performance de 15 minutes.

N'hésitez pas à vous joindre à nous pour ce spectacle qui se terminera par un bal électro ou à découvrir le reste de la programmation du festival Les Plans d'Avril, que nous vous recommandons chaudement !


Anne-Sophie, notre bénévole du mois

IMG_7548Comme chaque mois, nous vous présentons une bénévole : découvrez Anne-Sophie, responsable du projet Danse & Détention.

1. Quel est ton rôle dans l’association ?

Je suis responsable du projet de lien social "Danse & Détention". Depuis plusieurs mois, je prépare ce projet qui est monté en partenariat avec l'association Champ Libre avec qui j'échange régulièrement pour organiser l'intervention de Danse en Seine à la prison pour hommes de Bois d'Arcy. Depuis janvier, j'anime l'équipe de bénévoles pour la préparation du cycle d'ateliers 2015, les 4 samedis matins d'avril. Notre groupe est très enthousiaste ! Nous avons vraiment hâte d'aller à la rencontre des personnes en détention pour échanger avec elles sur l'univers culturel de la danse, et leur proposer le défit de travailler ensemble une chorégraphie (Rosas) de Ana Teresa de Keersmaeker...

2. Que fais-tu dans la ”vraie vie” ?

Je suis chargée de développer les projets d'innovation dans le domaine de la mobilité au sens large (mobilités électriques, mobilités douces, ville intelligente, technologies de l'information et de la communications appliquées aux transports, opendata...) au sein d'une grande collectivité territoriale. Concrètement je fais de la veille, je mets en relations des porteurs de projets innovants avec les experts de la collectivité, je les aide à monter des partenariats qu'il s'agisse d'une petite expérimentation sur l'espace public ou d'un projet de recherche et de développement allant chercher des financement nationaux ou européens.

3. Comment as-tu entendu parler de Danse en Seine ?

Fin 2012, une copine de travail m'a parlé des super cours de danse, de l'esprit de Danse en Seine avec ses projets de développement du lien social par la danse, de la dynamique positive et créative de ses membres. Comme j'avais envie de redécouvrir la danse contemporaine, je me suis lancée. Une fois dans l'association, j'ai découvert le fonctionnement des projets en participant à certains d'entre eux. Ce que j'apprécie, c'est le souci de faire bien les choses, de réunir des compétences et les envies des bénévoles, pour atteindre de superbes résultats avec bonne humeur et implication.

4. Peux-tu résumer l’association en 3 mots ?

Qualité et bonne humeur tout en rose !


"Travailler avec Christine Bastin, c’est comme être happée par un bon roman"

Elsa est une nouvelle recrue de Danse en Seine, qui vient de rejoindre la troupe de Gueule de Loup. Elle nous donne ses impressions sur la première semaine de répétitions. 

Travailler avec Christine Bastin pendant une semaine, c’est comme être happée par un bon roman. En effet, ce qui m’interpelle le plus c’est que bien au-delà de construire une chorégraphie, Christine raconte des histoires. De vraies histoires. La narration n’est pas apposée sur la danse pour renforcer sa cohérence ou lui donner du relief ; cette danse-là raconte, parle, murmure et même crie.  Et quel bonheur !

Gueule de Loup
Photo : Développez s'il vous plaît

Gueule de Loup c’est une histoire de pauvreté, de gens, de sentiments maladroits, de peau et de femmes. Ces femmes, dont j’ai la chance de faire partie, sont rudes mais poreuses. La chorégraphie des femmes est pleine de retenue, fière et subtile. L’essence de ces femmes est révélées par la précision de petits mouvements, par les détails et par ces regards baissés. C’est pour moi une réelle joie de travailler sur cette matière chorégraphique et de me laisser entraîner par la force de ce groupe de femmes.

De façon plus personnelle, c’est véritablement une belle expérience de participer à cette reprise de Gueule de Loup. La première semaine de répétition a été intense et riche. Pour ma part, je rejoins le projet en cours de route et dois donc apprendre la pièce en partant de zéro, ce qui implique évidemment retenir, mémoriser mais aussi et surtout appréhender l’univers et l’atmosphère de la pièce. Du travail, il en reste indéniablement mais je crois que nous avons bien avancé pendant cette semaine. Le dynamisme de Danse en Seine était au rendez-vous, et les très bonnes conditions dans lesquelles nous avons été accueillis ont contribué à construire un atmosphère de travail serein.

Suite au prochain épisode avec impatience et rendez-vous à la Grande Halle de la Villette !

Informations pratiques :

Gueule de Loup, le 30 mai à la Grande Halle de la Villette. Programme Danse en amateur et répertoire, en partenariat avec le CND.


Danse en Seine lance sa série d'ateliers en prison

Cette année encore, Danse en Seine lance un cycle de conférences dansées à la maison d'arrêt du Bois d'Arcy, en collaboration avec l'association Champ Libre.
Les quatre samedis du mois d'avril, les bénévoles de Danse en Seine vont animer un atelier devant une dizaine de détenus dans le cadre de leurs activités - il s'agit du cadre dans lequel les détenus passent deux heures hors de leur cellule.
Cette année, Danse en Seine a construit des ateliers en deux parties :
- 1ère partie sur une thématique autour de la danse (danse contemporaine dans les lieux publics, danses modernes urbaines, danses traditionnelles, danses au cinéma)
- 2ème partie sur le travail d'une chorégraphe : Anne Teresa de Keersmaeker. La compagnie explore son travail depuis maintenant un an avec son appel à remix de Rosas Danst Rosas et voulait l'utiliser comme fil rouge des ateliers à Bois d'Arcy.
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L'idée est de leur faire découvrir une chorégraphe, des partis pris artistiques ... et des mouvements ! Toute l'équipe va s'attacher à transmettre aux détenus l'univers particulier de Keersmaeker ainsi que les 6 mouvements de Rosas Danst Rosas et tenter de les détourner avec eux. Chorégraphie idéale pour l'espace carcéral, elle explore la précision du mouvement et de l'état du danseur qui reste assis sur sa chaise.

Huit bénévoles préparent activement leurs ateliers : Anne-Sophie, Elsa, Laure, Leonard, Lucie, Mathilde, Yolaine et Camille (moi!). Nous espérons pouvoir restituer cette expérience hors des murs de la prison en créant un nouveau remix de Rosas Danst Rosas suite aux ateliers avec les détenus.

Expérience à suivre donc !

Camille pour Danse en Seine


Danse en Seine fait partie des lauréats 2015 de Pro Bono Lab !

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Pro Bono Lab lançait il y a quelques semaines un appel à candidatures pour sélectionner les associations qui participeront à un parcours d’accompagnement Probono au premier semestre 2015.

Ces «Missions Probono» permettent aux associations d'utilité sociale d'accéder aux compétences dont elles ont besoin en marketing, communication, stratégie, finance, ressources humaines, web, droit, etc. Ainsi, depuis 2012, Pro Bono Lab a accompagné une centaine d'associations en mobilisant 1800 volontaires pour réaliser plus de 190 Missions Probono.

Lors de la rencontre des lauréats, le 5 mars dernier, Pro Bono Lab a annoncé l'ensemble des lauréats 2015 : Danse en Seine rejoint cette promotion, et aura la chance d'être accompagnée sur plusieurs missions par Accuracy et Eurogroup ! Un grand merci !

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"Les DanseEnSeinettes m'ont bousculé pour ce projet, mais ça a porté ses fruits, et c'est ce qu'il me fallait"

Plusieurs fois nous vous avons parlé des Scènes Ouvertes, mais cette fois-ci, c'est Léonard, une nouvelle recrue, qui vous en parle et qui vous explique comment il a créé une chorégraphie en à peine quelques semaines. 

Ça m'est tombé dessus sans prévenir. Je savais que je n'aurais pas dû en parler. Ces filles, on ne sait jamais où elles t'emmènent, où elles sont capables de t'emmener. Jusqu'au jour où tu dis un (bon) mot de trop…

C'est arrivé dès la première semaine de la rentrée en janvier, je venais officiellement de commencer mon bénévolat et les cours à Danse en Seine. Après le cours, on me dit : « Viens, il y a un point d'étape sur la prochaine scène ouverte, si tu as des idées, des envies, n'hésite pas ». Naïvement, je me demande « mais c'est quoi, les scènes ouvertes ? ». J'avais pourtant épluché le site de l'association. Bon, on va voir, ça ne me coûte rien, et puis j'ai du temps ce soir.

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Une bière plus tard, avec deux autres nouvelles recrues, après m'avoir expliqué en quoi les scènes ouvertes consistaient, j'ai lâché « ah mais peut-être que je pourrais, enfin c'est pas sûr, mais bon, voilà, je reviens du Brésil, et j'aimerais, enfin tu vois, faire quelque chose sur toutes les expériences que j'y ai faites, parler des gens que j'y ai rencontrés ; mais j'ai jamais fait quelque chose comme ça, je pense pas que ça rentre dans le cadre, je suis pas sûr que ça donne quelque chose, et ce sera pas prêt avant, euh, avant… quelque temps ». Aïe aïe aïe ! Les DanseEnSeineuses (ou DanseEnSeinettes ?) ne me laissent pas le temps de dire ouf et m'entraînent déjà dans les étapes de création et de travail, avec pour objectif la scène ouverte du 12 février. On était le 7 janvier.

Je réfléchis, je commence à revoir mon carnet de notes de voyages, les sons que j'ai enregistrés au Brésil, les photos, regrouper en somme toute la matière qui va servir au travail. Les DanseEnSeineuses (DanseEnSeigneurs ? Seniors ? Saigneuses?) me fixent une étape fin janvier pour montrer les bouts de chorégraphie qui seront développés, m'encouragent, ne m'oublient pas, reviennent me rappeler que « ça serait super si tu pouvais présenter une étape de ton travail à la scène ouverte du 12 février », me font confiance, qand bien même elles ne voient rien de ce que je prépare.

La bonne idée que j'ai eue, c'est que j'avais réservé quelques heures de studio danse dans un centre d'animation parisien, et comme j'ai du temps pendant cette année de césure, j'ai pas mal réfléchi au projet en dehors.

Fin janvier : présentation en 20 minutes devant la DanseEnSeineuse directrice artistique (Manu, ndlr) de mes idées et de quelques résultats issus d'improvisations. On échange, elle me donne ses commentaires à chaud, me conseille sur tel ou tel choix pour avancer dans l'écriture. Toujours la confiance qui est là, ça me rassure, ça m'encourage. J'ai encore peur de me ridiculiser quand même.

Et puis de nouvelles questions arrivent, comme si tout était déjà prêt et qu'on peaufinait les détails : quelle musique ? Un petit effet lumière peut-être ? Comment tu commences, comment tu finis ? Mais j'en suis pas encore là ! A nouveau la peur du ridicule. Est-ce que c'est important la lumière, la musique ? C'est qu'un petit travail de rien du tout, on n'a pas forcément besoin de se la raconter comme des pros, non ? Si ? Et je repars avec des idées, des encouragements, et surtout la motivation de faire quelque chose qui a du sens. Et la volonté de ne pas décevoir.

Veille de la scène ouverte : au cours du mercredi, on me dit de venir pour présenter mon travail et pour que ça me permette de faire une dernière répétition tout en ayant un public restreint plutôt sympathique envers moi. En fait, j'ai juste le temps de répéter un peu pour moi et de présenter un petit bout du travail. Et même pas le temps d'en discuter, les vigiles nous poussant vers la sortie. Zut, j'aurais bien voulu avoir les avis des uns et des autres. Ah, une DanseEnSeineuse me dit que c'est chouette. Elle dit ça pour me faire plaisir ou elle le pense vraiment ? Marie, la responsable des ateliers chorégraphiques, ne m'a rien dit. Merde, elle a trouvé ça nul et elle n'a pas voulu le dire. Manu, toujours enthousiaste, Laure aussi, me rassurent. Bon, de toute façon, je n'ai pas le choix, c'est demain, j'ai dit oui et j'ai donné le texte pour le programme.

Jour J : c'est la course pour arriver aux Amandiers, évidemment je m'étais collé un rendez-vous à Noisy-le-Sec deux heures avant, ultra pratique pour être à l'heure et en bonne disposition pour le spectacle. C'est tout moi, ça. Bon, j'ai récupéré le dernier élément de mon travail, le pulvérisateur, au moins ça va intriguer les gens s'ils n'aiment pas ma présentation. Derniers réglages musique avec Manu. J'ai le trac, comme si je dansais devant 2000 personnes, je me sens bête de penser ça, et en même temps je me sens bien. Les DanseEnSeinettes m'ont bousculé pour ce projet, mais ça a porté ses fruits, et c'est ce qu'il me fallait. Avec leur enthousiasme et leurs encouragements, je suis là ce soir à montrer une étape de ce travail, et l'envie de continuer à le développer.

Marie me prend doucement par le bras, me dit « merde » avec un beau sourire, je la remercie des yeux, et pars vers la scène...

Et maintenant c'est à vous ! Prochains ateliers le 1er avril et le 24 juin à 21h. Toutes les informations en contactant compagnie[at]danseenseine.org. 


Interview de Claire Orantin, réalisatrice

Claire Orantin, réalisatrice du film Comme ils respirent" nous a accordé une minute, le temps d'une interview. Elle nous parle choix, maturité. Et danse surtout.

1. Peux-tu nous parler du film ?

Avec le recul, je crois que "Comme il respirent" est un film avant tout sur l'amour de la danse, l'envie de danser. C'est d'ailleurs quelque chose que j'ai souvent entendu après les projections: les gens avaient envie de se mettre ou remettre à danser. Mais c'est aussi, un peu en filigrane un film sur le passage à l'âge adulte. Sur les choix qu'on doit faire dans la vie.

2. Qui sont les danseurs que tu as choisi ? Peux-tu nous les présenter ?

Les danseurs ne sont pas choisis au hasard, ce sont tous des danseurs que je connais, car anciens camarades de classe au conservatoire. Il y a Anna Chirescu, Claire Tran, Hugo Mbeng et Louise Djabri. Tous les quatre danseurs professionnels, aux parcours très différents mais si je raconte tout, je raconte le film...!

3. Pourquoi un film sur la danse ?

Je vais essayer de l'expliquer avec deux phrases. D'abord il y a une sorte de dicton qui dit "danseur un jour, danseur toujours" et le film essaye de décrypter ça. Pour montrer que la danse n'est pas qu'une chose physique. C'est une somme de plein d'éléments. Des traits de caractères, des habitudes, une mentalité, etc. Le film s'amuse de cette maxime parce qu'à des moments c'est vrai et à d'autres... pas du tout. La deuxième phrase c'est une citation de Maurice Béjart qui dit "la danse n'a plus rien à raconter, elle a beaucoup à dire". J'aime cette idée de donner la parole au danseurs. D'aller vers quelque chose qui a priori n'est pas simple, pas naturel pour eux. Et c'est un paradoxe auquel je me suis pas mal heurtée pendant le tournage: parfois je n'arrivais pas à comprendre comment on peut exprimer tant de chose avec son corps, tout son être... et éprouver des difficultés à retranscrire ça par des mots.

4. Pourquoi ce titre ?

Au début c'était "Voyez comme ils dansent". En référence au titre d'un spectacle que nous avions dansé enfants. Et puis avec le temps ça ne me plaisait plus, ce n'était pas le bon message. Ca faisait trop "démonstration", trop "regardez comme ils dansent bien" alors que le film c'est plutôt regardez qui ils sont... donc comme ils respirent. C'est aussi l'idée qu'il s'agit d'un instinct, de quelque chose de vital.

5. Tu t'es remise à la danse pour les besoins du film. As-tu continué ?

Je vais être honnête: oui je continue le flamenco et le street jazz oui. Mais pour ce qui est de la barre au sol et du classique, j'avoue que j'ai trop de mal. Il y a trop de frustration et de douleurs physiques. Et je n'ai plus assez de temps pour dépasser ce stade ou je récupère une condition physique correcte. Je me suis donc résignée à pratiquer la danse pour le plaisir et uniquement le plaisir. Le tournage m'a aussi fait du bien car confortée dans l'idée que mon parcours était le fruit d'un vrai choix. A aucun moment ça n'a éveillé des regrets sur le fait de ne pas être danseuse. Malgré toute l'admiration que j'ai pour les 4 danseurs du film.


Anne, notre bénévole du mois

1. Quel est ton rôle dans l’association ?IMG_7429

Je travaille principalement aux côtés de Véronique Bernier, médiatrice à Danse en Seine. Nous avons mis en place dela projection du film "Comme ils respirent" de Claire Patronik samedi 28 février au Pavillon Carré de Baudouin. Ce film-documentaire propose de lever le voile sur le métier de danseur en suivant 4 danseurs professionnels dans leur quotidien ! J'ai également participé aux ateliers du projet Danse, École et Opéra. Pendant plusieurs semaines, les jeunes de l'École élémentaire des Amandiers se sont essayés à la création chorégraphique, qui a abouti à une représentation sur la scène du Vingtième Théâtre le samedi 13 décembre 2014. Enfin j'assiste aux différents événements exceptionnels de Danse en Seine et aide en cas de besoin.

2. Que fais-tu dans la ”vraie vie” ?

Je suis étudiante en première année de Master Médiation Culturelle à Paris 3 et je me destine au métier de médiatrice culturelle au sein d'une structure consacrée au spectacle vivant. J'ai toujours eu un attrait pour la danse, j'ai d'ailleurs pu en pratiquer plusieurs et l'année 2014-2015 est ma première année de danse contemporaine.

3. Comment as-tu entendu parler de Danse en Seine ?

Depuis quelques temps, je souhaitais m'investir dans une association culturelle pour pouvoir avoir une approche plus concrète que celle de l'université et pour soutenir son développement, ses actions de démocratisation. Je suis donc partie à la recherche de cette association et j'ai découvert Danse en Seine.

4. Peux-tu résumer l’association en 3 mots ?

Passion, transmission, convivialité