Plusieurs fois nous vous avons parlé des Scènes Ouvertes, mais cette fois-ci, c’est Léonard, une nouvelle recrue, qui vous en parle et qui vous explique comment il a créé une chorégraphie en à peine quelques semaines. 

Ça m’est tombé dessus sans prévenir. Je savais que je n’aurais pas dû en parler. Ces filles, on ne sait jamais où elles t’emmènent, où elles sont capables de t’emmener. Jusqu’au jour où tu dis un (bon) mot de trop…

C’est arrivé dès la première semaine de la rentrée en janvier, je venais officiellement de commencer mon bénévolat et les cours à Danse en Seine. Après le cours, on me dit : « Viens, il y a un point d’étape sur la prochaine scène ouverte, si tu as des idées, des envies, n’hésite pas ». Naïvement, je me demande « mais c’est quoi, les scènes ouvertes ? ». J’avais pourtant épluché le site de l’association. Bon, on va voir, ça ne me coûte rien, et puis j’ai du temps ce soir.

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Une bière plus tard, avec deux autres nouvelles recrues, après m’avoir expliqué en quoi les scènes ouvertes consistaient, j’ai lâché « ah mais peut-être que je pourrais, enfin c’est pas sûr, mais bon, voilà, je reviens du Brésil, et j’aimerais, enfin tu vois, faire quelque chose sur toutes les expériences que j’y ai faites, parler des gens que j’y ai rencontrés ; mais j’ai jamais fait quelque chose comme ça, je pense pas que ça rentre dans le cadre, je suis pas sûr que ça donne quelque chose, et ce sera pas prêt avant, euh, avant… quelque temps ». Aïe aïe aïe ! Les DanseEnSeineuses (ou DanseEnSeinettes ?) ne me laissent pas le temps de dire ouf et m’entraînent déjà dans les étapes de création et de travail, avec pour objectif la scène ouverte du 12 février. On était le 7 janvier.

Je réfléchis, je commence à revoir mon carnet de notes de voyages, les sons que j’ai enregistrés au Brésil, les photos, regrouper en somme toute la matière qui va servir au travail. Les DanseEnSeineuses (DanseEnSeigneurs ? Seniors ? Saigneuses?) me fixent une étape fin janvier pour montrer les bouts de chorégraphie qui seront développés, m’encouragent, ne m’oublient pas, reviennent me rappeler que « ça serait super si tu pouvais présenter une étape de ton travail à la scène ouverte du 12 février », me font confiance, qand bien même elles ne voient rien de ce que je prépare.

La bonne idée que j’ai eue, c’est que j’avais réservé quelques heures de studio danse dans un centre d’animation parisien, et comme j’ai du temps pendant cette année de césure, j’ai pas mal réfléchi au projet en dehors.

Fin janvier : présentation en 20 minutes devant la DanseEnSeineuse directrice artistique (Manu, ndlr) de mes idées et de quelques résultats issus d’improvisations. On échange, elle me donne ses commentaires à chaud, me conseille sur tel ou tel choix pour avancer dans l’écriture. Toujours la confiance qui est là, ça me rassure, ça m’encourage. J’ai encore peur de me ridiculiser quand même.

Et puis de nouvelles questions arrivent, comme si tout était déjà prêt et qu’on peaufinait les détails : quelle musique ? Un petit effet lumière peut-être ? Comment tu commences, comment tu finis ? Mais j’en suis pas encore là ! A nouveau la peur du ridicule. Est-ce que c’est important la lumière, la musique ? C’est qu’un petit travail de rien du tout, on n’a pas forcément besoin de se la raconter comme des pros, non ? Si ? Et je repars avec des idées, des encouragements, et surtout la motivation de faire quelque chose qui a du sens. Et la volonté de ne pas décevoir.

Veille de la scène ouverte : au cours du mercredi, on me dit de venir pour présenter mon travail et pour que ça me permette de faire une dernière répétition tout en ayant un public restreint plutôt sympathique envers moi. En fait, j’ai juste le temps de répéter un peu pour moi et de présenter un petit bout du travail. Et même pas le temps d’en discuter, les vigiles nous poussant vers la sortie. Zut, j’aurais bien voulu avoir les avis des uns et des autres. Ah, une DanseEnSeineuse me dit que c’est chouette. Elle dit ça pour me faire plaisir ou elle le pense vraiment ? Marie, la responsable des ateliers chorégraphiques, ne m’a rien dit. Merde, elle a trouvé ça nul et elle n’a pas voulu le dire. Manu, toujours enthousiaste, Laure aussi, me rassurent. Bon, de toute façon, je n’ai pas le choix, c’est demain, j’ai dit oui et j’ai donné le texte pour le programme.

Jour J : c’est la course pour arriver aux Amandiers, évidemment je m’étais collé un rendez-vous à Noisy-le-Sec deux heures avant, ultra pratique pour être à l’heure et en bonne disposition pour le spectacle. C’est tout moi, ça. Bon, j’ai récupéré le dernier élément de mon travail, le pulvérisateur, au moins ça va intriguer les gens s’ils n’aiment pas ma présentation. Derniers réglages musique avec Manu. J’ai le trac, comme si je dansais devant 2000 personnes, je me sens bête de penser ça, et en même temps je me sens bien. Les DanseEnSeinettes m’ont bousculé pour ce projet, mais ça a porté ses fruits, et c’est ce qu’il me fallait. Avec leur enthousiasme et leurs encouragements, je suis là ce soir à montrer une étape de ce travail, et l’envie de continuer à le développer.

Marie me prend doucement par le bras, me dit « merde » avec un beau sourire, je la remercie des yeux, et pars vers la scène…

Et maintenant c’est à vous ! Prochains ateliers le 1er avril et le 24 juin à 21h. Toutes les informations en contactant compagnie[at]danseenseine.org.