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Début janvier, toute la compagnie était mobilisée pour la première d’Or des TalusDans la salle, Vincent, le délégué des adhérents, qui nous livre ses impressions.

Famille, amis, mais aussi curieux et professionnels prennent place dans les travées pour assister à la première de l’adaptation du roman de Jean-Louis Carasco Penãfiel, Or des Talus. Après plusieurs extraits «expérimentaux» égrenés au cours de l’année 2014, l’œuvre finale est enfin dévoilée, face à un public pas nécessairement familier des codes de la danse contemporaine. Qu’importe, c’est justement le challenge que s’est fixé la compagnie Danse en Seine, dont la raison d’être est de populariser la danse auprès de tous les publics.

Et force est de constater que le résultat est à la hauteur des ambitions de la petite association, qui grâce à cette véritable œuvre au noir, sort de son adolescence — et de son innocence. Ce ballet laisse le spectateur essoufflé, que ce soit par son rythme effréné ponctué par de (rares) moments d’apaisement, ou par ce climat de descente aux enfers emmené par un personnage allant de mauvais choix en mauvaises fréquentations. Ce héros, Julien (éblouissante Marie Simon), que rien ne saurait sauver d’une fin inéluctable.

Le spectateur est pourtant prévenu dès le début : cette pièce est un combat. A l’image du premier tableau, c’est un véritable corps à corps avec la mort dont paradoxalement seul le bruit des chairs qui s’entrechoquent nous rappelle que c’est bien de vie qu’il s’agit. Impressionnante entrée en matière complètement silencieuse, qui fait la part belle au travail exceptionnel des deux danseuses, à la fois aérien et tellurique, tout en portés et roulés boulés. Vient ensuite une Cavale, motif récurrent du ballet, ou des personnages sans buts semblent chercher la sortie. Ces passages servis par une mise en scène savamment orchestrée, dessinent des tableaux dont l’intensité va crescendo, et qui ne sont pas sans rappeler les chœurs des tragédies grecques. Car c’est bien un drame antique qui se joue devant nos yeux, peuplés de mythes souvent explorés par les Anciens : l’Infanticide, comme avec la Mère d’Emilie (dont on saluera la performance, toute en schizophrénie contenue), ou l’Illumination avec Jack et sa grâce maîtrisée. Des scènes de liesse collectives (la Rencontre) et des réminiscences (Souvenir Maternel) éclaircissent par intermittence un récit à la beauté sombre et à l’épilogue dramatique.

Certes, on déplorera peut-être une mise en scène un peu trop sobre (notamment sur le décor ou les éclairages), quelques tableaux complexes parfois hésitants, ou l’indication de « ballet narratif » puisque seul le final est véritablement « parlant ».

Mais dans l’ensemble, le pari est réussi pour cette adaptation originale, par une compagnie et un couple de jeunes chorégraphes (Orianne Vilmer & Jocelyn Muret) qui ont su porter une vision et une ambition proche de productions professionnelles.