Pour ce dernier atelier du cycle Danse en Seine à la maison d’arrêt de Bois d’Arcy, Marion, Laetitia et Orianne, accompagnées de Natacha, présidente de l’Association Champ Libre se sont plongées dans la filmographie de la danse. Danse et films? Mais qu’est ce que ça peut bien vouloir dire et pourquoi est-il intéressant d’en parler ?
La danse étant un art visuel, propice à tout forme de captation, il est naturel que les cinéastes se l’approprient… D’ailleurs, c’est assez palpable aujourd’hui, mais avec les publicitaires, qui n’hésitent pas à piocher dans l’art chorégraphique pour nous vendre leurs idées…
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La danse est à la fois une source infinie d’inspiration et un support narratif aux scénarios les plus rocambolesques. Il est vrai que ce milieu reste mystérieux et fascinant. Qui n’a pas d’a priori sur le monde de la danse? Anorexie, égoïsme, concurrence déloyale, perfectionnisme, sadisme même, homosexualité… Tant de clichés, plus ou moins justifiés, qui constituent des socles concrets pour faire naître intrigues et personnages complexes!  D’ailleurs une certaine association a tourné un film autour des clichés de la danse contemporaine… Nous vous le recommandons!
A l’inverse, le film dansé, héritier de la comédie musicale, utilise la danse, la parole et le chant pour plonger son spectateur dans des aventures impossibles.
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Et concrètement la danse dans les films un samedi matin aux aurores à Bois d’Arcy, ça se passe comment?
Une petite salle et quelques chaises, une télé, quatre animatrices, une dizaine de détenus, le tout enfermé à double tour pendant 2h30. Natacha connaît tout le monde, après trois ateliers organisés avec ce même groupe et animés par l’Association : « Danse Contemporaine, danse de scène« , « Danses modernes urbaines » puis « Danses Traditionnelles ». L’ambiance est très chaleureuse et nos participants nous demandent des nouvelles de toutes les intervenantes de l’Association. Un rapide tour des prénoms et nous sommes lancées!
Marion ouvre la danse avec Billy Elliott. Scénario, acteurs, récompenses obtenues sont passés au peigne fin en alternance avec quelques extraits.

Transition toute trouvée pour un témoignage sur l’apprentissage de la danse classique. Quelques repères historiques d’abord, sur le père de la danse classique, à savoir Louis XIV, et ses origines italiennes. Présentation du cadre et du vocabulaire qui sont transmis depuis plus de 300 ans aux petits rats : les cinq positions évidemment mais aussi les fameux « pas de bourré », « arabesques » et autres réjouissances. Ces quelques moments d’échange sont très intenses. Une paire de pointes et une paire de demi-pointe circulent dans la pièce et les questions fusent : Comment est-ce fabriqué? Quelle est la réelle douleur ressentie sur pointes? Pourquoi les hommes n’en portent-ils pas? etc. Quelle est vraiment la place de l’homme dans la danse?
Une réponse possible, celle du père de Billy Elliott : « This is Not for Lads ». Mais grâce à ce film, une flopée de petits garçons ont franchi les portes des écoles de danse. Un cliché de moins sur la danse : merci Billy!

Pour le deuxième film, ambiance encore plus noire… Avec Black Swan! Laetitia nous plonge dans l’univers de Nina alias Nathalie Portman et de son maître de ballet Vincent Cassel. Nous utilisons l’essence du ballet pour expliquer le scénario et ce dédoublement de personnalité, prolongement du mythe Odette/Odile, Cygne Blanc/Cygne Noir.

Les questions fusent! Les plus classiques resurgissent évidemment…
Oui, c’est toujours la même danseuse qui assume les deux rôles, et c’est pourquoi il s’agit d’un ballet difficile. Oui la concurrence est rude mais pas dans ces extrêmes!

Deuxième partie de l’atelier, autour du film dansé et des comédies musicales. Rappelons-nous que ce genre est issu de l’opéra comique puis de l’opérette. Aujourd’hui, les films dansés sont repris par des troupes d’artistes sur scène… Les exemples sont nombreux, mais on citera pour le plaisir la dernière comédie musicale du tout Paris, La Belle et la Bête et celle qui a révolutionné les années 80, Grease.

http://www.youtube.com/watch?v=Q-xaESrg1h4

Retour en arrière avec le mythe de West Side Story, chorégraphié par le grand Jerome Robbins sur la composition musicale de Bernstein… Marion nous plonge dans le New York des années 50. Roméo s’appelle Tony et est d’origine européenne, Juliette se prénomme Maria et est portoricaine. Ils tombent amoureux et les bandes des Jets et des Sharks, auparavant rivales, se réconcilient suite aux drames. Les mélodies de l’oeuvre son familières à tous, qu’il s’agisse de « Maria » ou de « I like to be in America »…

Nous terminons l’intervention culturelle sur le grand Fred Astaire, le roi des claquettes! Laetitia nous emmène dans cet univers du début du siècle où les films étaient en noir et blanc et les hommes encore galants…

Tous ces extraits donnent envie de plus… Envie de savoir qui se cache derrière Danse en Seine. Nous diffusons donc le trailer de la cie, où les participants reconnaissant des visages familiers, mais aussi notre vidéo de crowdfunding, qui les fait bien rigoler… Effectivement ces clichés nous les avons tous!
Désormais, place au spectacle. Orianne reprend quelques mouvements du quatuor Echappées, durement révisés la veille. Puis c’est au tour de Natacha de nous faire un petit coup de tektonik… Marion et Laetitia suivent les pas d’Angel sur une musique latine et nous nous plaçons désormais en apprenants. Petit cours improvisé de break dance et de hip hop par Arthur et Gaston. On continue encore à se dépenser pendant une heure, et finalement après toutes ces négociations depuis quatre samedis, ils obtiennent de nous de tester la fameuse scène du Parc de Preljocaj… petit cadeau d’adieu? Simple au revoir… Nous ne savons pas encore ce qui nous attend après cette expérience incroyable. Ce lien si court mais si intense qui se créée dans ce huit-clos est troublant.
Le coeur triste, nous retrouvons la lumière et la liberté en espérant pouvoir de nouveau vivre ces petits moments de bonheur, hors du temps…
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