La semaine prochaine, plongez dans le monde musical et poétique de Joana Schweizer.

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Quel est ton univers chorégraphique ?

Tout d’abord il faut préciser que je viens de la musique et de la danse et que j’ai toujours mené ces deux arts en parallèle. Je passe donc beaucoup de temps à chercher comment les relier : j’accompagne le corps avec la voix, je cherche son rythme, son phrasé.. Je cherche à reproduire le phrasé d’une pièce de Rameau avec le mouvement, ou encore à créer un pont sonore et physique entre deux univers différents, comme par exemple ceux du jazz bebop et de la musique contemporaine.
Je développe également un travail autour de l’espace, et ai créé de nombreuses pièces dont les points de départ étaient des scénographies imaginées au préalable. J’ai pu danser en duo dans une armoire accompagnée d’un quatuor à cordes, ou encore en solo accrochée par une corde à un piano à queue.
J’aime aussi investir l’architecture d’un lieu et ai eu la chance de faire de nombreuses performances en extérieur, dans des musées ou par exemple à l’abbaye de Royaumont.

Peux-tu nous parler de ta création en cours ?

Ma prochaine création en cours est un solo avec un piano à queue suspendu. Je suis danseuse, pianiste et chanteuse : un mélange imprégné de culture franco-portugaise, un exemple de métissage d’aujourd’hui. Ce solo est né d’une nécessité de décrire, d’expliquer de l’intérieur une démarche artistique personnelle : la volonté de lier les arts, de construire des passerelles entre la danse, la musique, le chant, la scénographie. Gala Ognibene, amie, scénographe et photographe m’accompagne dans cette écriture. Nous avons, à travers nos origines (portugaises pour moi et italiennes pour elle), à travers nos parcours et démarches artistiques hétéroclites, identifié de nombreuses similitudes, et un socle commun solide sur lequel nous puisons toute une richesse de sens.
Nous mettons en scène une personne aux origines multiples à qui l’on a toujours proposé de rentrer dans une case. La case représente notre société actuelle en induisant un intérieur, un extérieur avec au milieu une frontière. Nous trouvons ces cases dans la musique, la danse, le chant au travers du corps, du piano. Nous nous confrontons quotidiennement aux difficultés de la case : trop étroite, trop grande, pas de la bonne couleur, pas de la bonne matière. Ce mal-être est inhérent à tous. Ce solo traite de nos chemins internes, ce cheminement qui est au fond essentiel et permet de s’enrichir : c’est le chemin qui compte et non sa finalité. Cette personne parcourt et cherche sa place à travers un tumultueux mais optimiste voyage.
Nous créons un spectacle tout public d’une cinquantaine de minutes, qui éviterait toute ségrégation entre les différents arts que je pratique, en évitant un phénomène de « tour de Babel » où chacun, dans son propre domaine, pose et traite ses minuscules problèmes sans trop se soucier de la signification ou des conséquences que ceux-ci peuvent avoir dans d’autres domaines.
Enfin, ce solo s’inscrit aujourd’hui au début de ma carrière dans un souci d’approfondissement de soi, et dans le désir de développer mon propre langage scénique.

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Quels ateliers vas-tu mener avec les danseurs de Danse en Seine ?

Avec les danseurs de Danse en Seine je souhaite travailler autour de nombreux sujets. Tout d’abord je souhaite aborder la musicalité du mouvement : comment créer des contrastes par la musique du mouvement, par son rythme. Nous pourrons passer par le chant, seuls ou à plusieurs, afin trouver la justesse du phrasé.
Je souhaiterais également les réveiller à l’espace entre eux, mais aussi à comment faire vivre l’espace dans lequel nous nous trouvons par des jeux, des improvisations. J’aimerais qu’ils trouvent différentes manières d’amener le regard du spectateur vers des endroit sur lesquels il ne s’attarderait pas en temps normal. Qu’ils cherchent à transformer et faire naître de nouveaux points de vues.
Enfin, j’aimerais développer un travail autour de l’hésitation. Comment arriver à dire un mot, à faire un geste, comment prendre sa place dans une situation inappropriée. Quel corps physique peut naître d’un empêchement. J’aimerais avec eux parcourir le chemin qui permet à tous ces éléments de naître, d’apparaître et de s’épanouir.

Informations pratiques :
– Dates : du 12 avril au 10 mai, restitution publique le 10 mai (Carreau du Temple).
– Inscriptions ici
– Informations : ateliers@danseenseine.org