A l’occasion de la pièce Rain de Anne Teresa De Keersmaeker par le Ballet de l’Opéra de Paris, Danse en Seine a proposé son premier café-danse de la saison le 2 novembre dernier, suivi d’une sortie au Palais Garnier. Retour sur cette belle sortie.

Lucie et moi donnons rendez-vous à nos adhérents au restaurant de l’Opéra Garnier, lieu tout-à-fait adapté à la situation. On se retrouve donc autour d’un café pour un atelier de médiation culturelle autour du spectacle : présentation de la pièce, découverte de la chorégraphe, son esthétique et le ballet Rain.

La pièce Rain de la chorégraphe belge a été créée en 2001 à Bruxelles, et est entrée au répertoire de l’Opéra de Paris en 2011. Pour sa pièce, Anne Teresa De Keersmaeker s’est inspiré de la lecture de Rain de Kirsty Gunn :

Ce texte décrit le processus et les techniques de réanimation en partant du point de vue d’une jeune femme tentant de ramener à la vie son petit frère qui s’est noyé dans un lac. Ce texte m’a attirée par sa subtile métamorphose qui nous fait habilement passer d’une description médicale objective à une prise de conscience profondément émouvante de la fuite d’une vie, celle de la personne aimée que plus rien ne peut sauver.

Sur scène, un décor sobre et hypnotique : de fines cordelettes représentent les rideaux de pluie et encerclent les danseurs. Au sol, des lignes géométriques qui tracent le chemin des danseurs – des danseuses en majorité. A l’image de la vague, la danse forme une spirale qui se noue et dénoue au gré de la partition rythmique, dans une variation de lumière.

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©Benoite Fanton/OnP

 

La partition de Steve Reich, compositeur américain considéré comme l’un des pionniers de la musique minimaliste, nous envoûte. Dans la fosse, on est d’ailleurs attiré par l’orchestre spécialement mis en place, pianos, et percussions qui accompagnent l’ensemble de voix. La musique et la chorégraphie se fondent formidablement ensemble : le caractère hypnotique de la partition, ses subtilités rythmiques sont une véritable invitation à la danse pour les interprètes.

Rain fait appel à une technique très difficile, et différente de celle à laquelle les danseurs de l’Opéra de Paris sont formés et habitués à danser. Comme le souligne la chorégraphe :

Il y a tout un travail au sol, un travail sur la chute, tout un travail d’auto-organisation qui n’est pas habituel dans l’écriture de la danse.

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©Benoite Fanton/OnP

Un challenge pour s’en imprégner en seulement quelques semaines. L’homogénéité du groupe est marquante. On peut quand même se demander si l’interprétation par le ballet de l’Opéra de Paris reflète toute la force poignante de l’oeuvre. Je serai curieuse de la voir dansée par les danseurs de la compagnie de Anne Teresa De Keersmaeker.

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©Benoite Fanton/OnP

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Un extrait de la pièce ici.