The Roots
© Joao Garcia

Mon planning du week-end était plutôt chargé mais… non ! je ne pouvais pas louper ça.

Suresnes, dimanche 19 janvier, Théâtre Jean Vilar, 17h : le théâtre s’emplit d’un public hétéroclite (ça fait plaisir à voir !) venu célébrer le mariage de la danse hip hop à la danse contemporaine.

Si au premier abord cette union éveille la curiosité, le chorégraphe Kader Attou ne laisse pas planer le doute longtemps : l’assistance comprend en quelques secondes que c’est une des plus heureuses qui soit !

11 danseurs hors du commun, 11 sensibilités, 11 corps mus par une puissance toute en précision et en subtilité. Riche de ces 11 hommes de tous horizons, Kader Attou avait là la plus belle matière pour donner corps à son inspiration. Et quelle inspiration !

Oui, bon, j’illustre un peu : 1 danseur entame un solo de claquettes (oui, oui, ils savent vraiment tout faire en plus) debout sur une table, il est progressivement rejoint sur cette table par les 10 autres danseurs – ça en fait du monde ! Par des jeux d’ondulations, de figures acrobatiques, de déséquilibres et de transferts d’énergies, les 11 danseurs, dont certains sont maintenant au sol, se retrouvent formant un tableau ayant quelque chose de mystique, un mélange de Radeau de la Méduse et de Cène. Mais sans en avoir loupé une miette, on ne comprend pas comment s’est arrivé. Est-ce chimique ? est-ce magique ? ou est-ce tout simplement la rencontre de talents insolents ? En tout cas, c’est BEAU et on n’a finalement aucune envie d’aller chercher plus loin, on veut juste savourer.

Ici la danse n’est pas intellectualisée – et ça aussi ça fait du bien ! Elle est vécue. Elle est ancrée, elle vient des racines. The Roots. Chaque mouvement est doté d’une authenticité brute et sensible ; tout s’enchaîne alors, solos, duos, trios,… de manière limpide. C’est tellement évident, on aurait presque envie de dire que la nature reprend ses droits.

The Roots
©Joao Garcia

On dit bien que tout est permis en chorégraphie mais il fallait être Kader Attou pour réussir ce défi-là. Alors que les codes de la danse contemporaine et ceux des danses urbaines, pourtant bien distincts, se mêlent et se complètent avec une énergie et une simplicité époustouflantes, on passe aussi par toutes les couleurs de la palette émotionnelle. On en sort à la fois tout chose et avec une pêche d’enfer. Alors moi, je dis « bravo » !

Et je ne suis pas la seule : la pièce a reçu une ovation. Nous sommes nombreux à nous être enrichis ce jour-là.

Sophie C.
pour Danse en Seine