(c) Sebastian Bolesch

 

Les 9 &10 novembre prochains, ne manquez pas Medea, création chorégraphique de Sasha Waltz, d’après l’opéra Medeamaterial de Pascal Dusapin (1992).

L’histoire d’une femme bafouée, folle, violente, infanticide. Une pièce forte où musique et danse rendent sensible cette montée en puissance inexorable du désastre…

C’est le poème de Heiner Müller, figure emblématique du Théâtre européen contemporain, qui a inspiré à Dusapin son opéra Medeamaterial :

« Médée devint pour moi une figure métaphorique, de l’ordre de l’archétype certes, mais complexe et parfaitement inscrite dans le réel du monde d’aujourd’hui. »

(c) Sebastian Bolesch

Comme pour appuyer cette pensée, c’est l’Akademie für Alte Musik Berlin, un fabuleux ensemble de musique ancienne, qui interprète Medeamaterial, dont l’écriture est elle, très contemporaine.

Pascal Dusapin, à propos de son opéra, tout en violence intériorisée:

« Quand l’action de Medea est au pire, la musique s’étouffe sur elle même. C’est comme si le maximum de la colère ne pouvait s’exprimer que par le silence. C’est pour cela que c’est une partition qui frôle en permanence sa propre perte. »

Sasha Waltz propose une chorégraphie pour 18 danseurs qui réagissent en écho à la soprano colorature, seule chanteuse présente sur scène. Sasha Waltz met l’accent sur la force féminine du mythe, soulignant la tension entre les puissances créatrices et destructrices du personnage.

  « Je tenais à mettre en scène mon interprétation de ce mythe. On considère souvent Médée comme une femme assoiffée de vengeance, qui tue ses enfants parce que son époux l’a quittée. Mais il existe aussi de nombreuses autres interprétations. Médée est une guérisseuse, une magicienne ; ses pouvoirs sont bénéfiques, même si elle finit par s’en servir pour détruire. Il s’agit d’une variante conçue pour mettre le corps en avant… et même de nombreux corps différents. »

Outre une chorégraphie puissante, Sasha Waltz nous offre une deuxième mise en scène d’opéra riche de belles trouvailles théâtrales.

Au tout début de la pièce, la chute d’un rideau rouge sang laissant le plateau nu et noir. Ou encore, des turbines gigantesques placées de chaque côté de la scène et se mettant soudain à vrombir, affolant les silhouettes des danseurs: réponse à la tempête indomptable qui se lève dans le coeur de Médée?

Quand chorégraphie et théâtralité fusionnent…

Valérie Sz.