Mois : mars 2015

"Travailler avec Christine Bastin, c’est comme être happée par un bon roman"

Elsa est une nouvelle recrue de Danse en Seine, qui vient de rejoindre la troupe de Gueule de Loup. Elle nous donne ses impressions sur la première semaine de répétitions. 

Travailler avec Christine Bastin pendant une semaine, c’est comme être happée par un bon roman. En effet, ce qui m’interpelle le plus c’est que bien au-delà de construire une chorégraphie, Christine raconte des histoires. De vraies histoires. La narration n’est pas apposée sur la danse pour renforcer sa cohérence ou lui donner du relief ; cette danse-là raconte, parle, murmure et même crie.  Et quel bonheur !

Gueule de Loup
Photo : Développez s'il vous plaît

Gueule de Loup c’est une histoire de pauvreté, de gens, de sentiments maladroits, de peau et de femmes. Ces femmes, dont j’ai la chance de faire partie, sont rudes mais poreuses. La chorégraphie des femmes est pleine de retenue, fière et subtile. L’essence de ces femmes est révélées par la précision de petits mouvements, par les détails et par ces regards baissés. C’est pour moi une réelle joie de travailler sur cette matière chorégraphique et de me laisser entraîner par la force de ce groupe de femmes.

De façon plus personnelle, c’est véritablement une belle expérience de participer à cette reprise de Gueule de Loup. La première semaine de répétition a été intense et riche. Pour ma part, je rejoins le projet en cours de route et dois donc apprendre la pièce en partant de zéro, ce qui implique évidemment retenir, mémoriser mais aussi et surtout appréhender l’univers et l’atmosphère de la pièce. Du travail, il en reste indéniablement mais je crois que nous avons bien avancé pendant cette semaine. Le dynamisme de Danse en Seine était au rendez-vous, et les très bonnes conditions dans lesquelles nous avons été accueillis ont contribué à construire un atmosphère de travail serein.

Suite au prochain épisode avec impatience et rendez-vous à la Grande Halle de la Villette !

Informations pratiques :

Gueule de Loup, le 30 mai à la Grande Halle de la Villette. Programme Danse en amateur et répertoire, en partenariat avec le CND.


Danse en Seine lance sa série d'ateliers en prison

Cette année encore, Danse en Seine lance un cycle de conférences dansées à la maison d'arrêt du Bois d'Arcy, en collaboration avec l'association Champ Libre.
Les quatre samedis du mois d'avril, les bénévoles de Danse en Seine vont animer un atelier devant une dizaine de détenus dans le cadre de leurs activités - il s'agit du cadre dans lequel les détenus passent deux heures hors de leur cellule.
Cette année, Danse en Seine a construit des ateliers en deux parties :
- 1ère partie sur une thématique autour de la danse (danse contemporaine dans les lieux publics, danses modernes urbaines, danses traditionnelles, danses au cinéma)
- 2ème partie sur le travail d'une chorégraphe : Anne Teresa de Keersmaeker. La compagnie explore son travail depuis maintenant un an avec son appel à remix de Rosas Danst Rosas et voulait l'utiliser comme fil rouge des ateliers à Bois d'Arcy.
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L'idée est de leur faire découvrir une chorégraphe, des partis pris artistiques ... et des mouvements ! Toute l'équipe va s'attacher à transmettre aux détenus l'univers particulier de Keersmaeker ainsi que les 6 mouvements de Rosas Danst Rosas et tenter de les détourner avec eux. Chorégraphie idéale pour l'espace carcéral, elle explore la précision du mouvement et de l'état du danseur qui reste assis sur sa chaise.

Huit bénévoles préparent activement leurs ateliers : Anne-Sophie, Elsa, Laure, Leonard, Lucie, Mathilde, Yolaine et Camille (moi!). Nous espérons pouvoir restituer cette expérience hors des murs de la prison en créant un nouveau remix de Rosas Danst Rosas suite aux ateliers avec les détenus.

Expérience à suivre donc !

Camille pour Danse en Seine


Danse en Seine fait partie des lauréats 2015 de Pro Bono Lab !

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Pro Bono Lab lançait il y a quelques semaines un appel à candidatures pour sélectionner les associations qui participeront à un parcours d’accompagnement Probono au premier semestre 2015.

Ces «Missions Probono» permettent aux associations d'utilité sociale d'accéder aux compétences dont elles ont besoin en marketing, communication, stratégie, finance, ressources humaines, web, droit, etc. Ainsi, depuis 2012, Pro Bono Lab a accompagné une centaine d'associations en mobilisant 1800 volontaires pour réaliser plus de 190 Missions Probono.

Lors de la rencontre des lauréats, le 5 mars dernier, Pro Bono Lab a annoncé l'ensemble des lauréats 2015 : Danse en Seine rejoint cette promotion, et aura la chance d'être accompagnée sur plusieurs missions par Accuracy et Eurogroup ! Un grand merci !

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"Les DanseEnSeinettes m'ont bousculé pour ce projet, mais ça a porté ses fruits, et c'est ce qu'il me fallait"

Plusieurs fois nous vous avons parlé des Scènes Ouvertes, mais cette fois-ci, c'est Léonard, une nouvelle recrue, qui vous en parle et qui vous explique comment il a créé une chorégraphie en à peine quelques semaines. 

Ça m'est tombé dessus sans prévenir. Je savais que je n'aurais pas dû en parler. Ces filles, on ne sait jamais où elles t'emmènent, où elles sont capables de t'emmener. Jusqu'au jour où tu dis un (bon) mot de trop…

C'est arrivé dès la première semaine de la rentrée en janvier, je venais officiellement de commencer mon bénévolat et les cours à Danse en Seine. Après le cours, on me dit : « Viens, il y a un point d'étape sur la prochaine scène ouverte, si tu as des idées, des envies, n'hésite pas ». Naïvement, je me demande « mais c'est quoi, les scènes ouvertes ? ». J'avais pourtant épluché le site de l'association. Bon, on va voir, ça ne me coûte rien, et puis j'ai du temps ce soir.

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Une bière plus tard, avec deux autres nouvelles recrues, après m'avoir expliqué en quoi les scènes ouvertes consistaient, j'ai lâché « ah mais peut-être que je pourrais, enfin c'est pas sûr, mais bon, voilà, je reviens du Brésil, et j'aimerais, enfin tu vois, faire quelque chose sur toutes les expériences que j'y ai faites, parler des gens que j'y ai rencontrés ; mais j'ai jamais fait quelque chose comme ça, je pense pas que ça rentre dans le cadre, je suis pas sûr que ça donne quelque chose, et ce sera pas prêt avant, euh, avant… quelque temps ». Aïe aïe aïe ! Les DanseEnSeineuses (ou DanseEnSeinettes ?) ne me laissent pas le temps de dire ouf et m'entraînent déjà dans les étapes de création et de travail, avec pour objectif la scène ouverte du 12 février. On était le 7 janvier.

Je réfléchis, je commence à revoir mon carnet de notes de voyages, les sons que j'ai enregistrés au Brésil, les photos, regrouper en somme toute la matière qui va servir au travail. Les DanseEnSeineuses (DanseEnSeigneurs ? Seniors ? Saigneuses?) me fixent une étape fin janvier pour montrer les bouts de chorégraphie qui seront développés, m'encouragent, ne m'oublient pas, reviennent me rappeler que « ça serait super si tu pouvais présenter une étape de ton travail à la scène ouverte du 12 février », me font confiance, qand bien même elles ne voient rien de ce que je prépare.

La bonne idée que j'ai eue, c'est que j'avais réservé quelques heures de studio danse dans un centre d'animation parisien, et comme j'ai du temps pendant cette année de césure, j'ai pas mal réfléchi au projet en dehors.

Fin janvier : présentation en 20 minutes devant la DanseEnSeineuse directrice artistique (Manu, ndlr) de mes idées et de quelques résultats issus d'improvisations. On échange, elle me donne ses commentaires à chaud, me conseille sur tel ou tel choix pour avancer dans l'écriture. Toujours la confiance qui est là, ça me rassure, ça m'encourage. J'ai encore peur de me ridiculiser quand même.

Et puis de nouvelles questions arrivent, comme si tout était déjà prêt et qu'on peaufinait les détails : quelle musique ? Un petit effet lumière peut-être ? Comment tu commences, comment tu finis ? Mais j'en suis pas encore là ! A nouveau la peur du ridicule. Est-ce que c'est important la lumière, la musique ? C'est qu'un petit travail de rien du tout, on n'a pas forcément besoin de se la raconter comme des pros, non ? Si ? Et je repars avec des idées, des encouragements, et surtout la motivation de faire quelque chose qui a du sens. Et la volonté de ne pas décevoir.

Veille de la scène ouverte : au cours du mercredi, on me dit de venir pour présenter mon travail et pour que ça me permette de faire une dernière répétition tout en ayant un public restreint plutôt sympathique envers moi. En fait, j'ai juste le temps de répéter un peu pour moi et de présenter un petit bout du travail. Et même pas le temps d'en discuter, les vigiles nous poussant vers la sortie. Zut, j'aurais bien voulu avoir les avis des uns et des autres. Ah, une DanseEnSeineuse me dit que c'est chouette. Elle dit ça pour me faire plaisir ou elle le pense vraiment ? Marie, la responsable des ateliers chorégraphiques, ne m'a rien dit. Merde, elle a trouvé ça nul et elle n'a pas voulu le dire. Manu, toujours enthousiaste, Laure aussi, me rassurent. Bon, de toute façon, je n'ai pas le choix, c'est demain, j'ai dit oui et j'ai donné le texte pour le programme.

Jour J : c'est la course pour arriver aux Amandiers, évidemment je m'étais collé un rendez-vous à Noisy-le-Sec deux heures avant, ultra pratique pour être à l'heure et en bonne disposition pour le spectacle. C'est tout moi, ça. Bon, j'ai récupéré le dernier élément de mon travail, le pulvérisateur, au moins ça va intriguer les gens s'ils n'aiment pas ma présentation. Derniers réglages musique avec Manu. J'ai le trac, comme si je dansais devant 2000 personnes, je me sens bête de penser ça, et en même temps je me sens bien. Les DanseEnSeinettes m'ont bousculé pour ce projet, mais ça a porté ses fruits, et c'est ce qu'il me fallait. Avec leur enthousiasme et leurs encouragements, je suis là ce soir à montrer une étape de ce travail, et l'envie de continuer à le développer.

Marie me prend doucement par le bras, me dit « merde » avec un beau sourire, je la remercie des yeux, et pars vers la scène...

Et maintenant c'est à vous ! Prochains ateliers le 1er avril et le 24 juin à 21h. Toutes les informations en contactant compagnie[at]danseenseine.org. 


Interview de Claire Orantin, réalisatrice

Claire Orantin, réalisatrice du film Comme ils respirent" nous a accordé une minute, le temps d'une interview. Elle nous parle choix, maturité. Et danse surtout.

1. Peux-tu nous parler du film ?

Avec le recul, je crois que "Comme il respirent" est un film avant tout sur l'amour de la danse, l'envie de danser. C'est d'ailleurs quelque chose que j'ai souvent entendu après les projections: les gens avaient envie de se mettre ou remettre à danser. Mais c'est aussi, un peu en filigrane un film sur le passage à l'âge adulte. Sur les choix qu'on doit faire dans la vie.

2. Qui sont les danseurs que tu as choisi ? Peux-tu nous les présenter ?

Les danseurs ne sont pas choisis au hasard, ce sont tous des danseurs que je connais, car anciens camarades de classe au conservatoire. Il y a Anna Chirescu, Claire Tran, Hugo Mbeng et Louise Djabri. Tous les quatre danseurs professionnels, aux parcours très différents mais si je raconte tout, je raconte le film...!

3. Pourquoi un film sur la danse ?

Je vais essayer de l'expliquer avec deux phrases. D'abord il y a une sorte de dicton qui dit "danseur un jour, danseur toujours" et le film essaye de décrypter ça. Pour montrer que la danse n'est pas qu'une chose physique. C'est une somme de plein d'éléments. Des traits de caractères, des habitudes, une mentalité, etc. Le film s'amuse de cette maxime parce qu'à des moments c'est vrai et à d'autres... pas du tout. La deuxième phrase c'est une citation de Maurice Béjart qui dit "la danse n'a plus rien à raconter, elle a beaucoup à dire". J'aime cette idée de donner la parole au danseurs. D'aller vers quelque chose qui a priori n'est pas simple, pas naturel pour eux. Et c'est un paradoxe auquel je me suis pas mal heurtée pendant le tournage: parfois je n'arrivais pas à comprendre comment on peut exprimer tant de chose avec son corps, tout son être... et éprouver des difficultés à retranscrire ça par des mots.

4. Pourquoi ce titre ?

Au début c'était "Voyez comme ils dansent". En référence au titre d'un spectacle que nous avions dansé enfants. Et puis avec le temps ça ne me plaisait plus, ce n'était pas le bon message. Ca faisait trop "démonstration", trop "regardez comme ils dansent bien" alors que le film c'est plutôt regardez qui ils sont... donc comme ils respirent. C'est aussi l'idée qu'il s'agit d'un instinct, de quelque chose de vital.

5. Tu t'es remise à la danse pour les besoins du film. As-tu continué ?

Je vais être honnête: oui je continue le flamenco et le street jazz oui. Mais pour ce qui est de la barre au sol et du classique, j'avoue que j'ai trop de mal. Il y a trop de frustration et de douleurs physiques. Et je n'ai plus assez de temps pour dépasser ce stade ou je récupère une condition physique correcte. Je me suis donc résignée à pratiquer la danse pour le plaisir et uniquement le plaisir. Le tournage m'a aussi fait du bien car confortée dans l'idée que mon parcours était le fruit d'un vrai choix. A aucun moment ça n'a éveillé des regrets sur le fait de ne pas être danseuse. Malgré toute l'admiration que j'ai pour les 4 danseurs du film.


Anne, notre bénévole du mois

1. Quel est ton rôle dans l’association ?IMG_7429

Je travaille principalement aux côtés de Véronique Bernier, médiatrice à Danse en Seine. Nous avons mis en place dela projection du film "Comme ils respirent" de Claire Patronik samedi 28 février au Pavillon Carré de Baudouin. Ce film-documentaire propose de lever le voile sur le métier de danseur en suivant 4 danseurs professionnels dans leur quotidien ! J'ai également participé aux ateliers du projet Danse, École et Opéra. Pendant plusieurs semaines, les jeunes de l'École élémentaire des Amandiers se sont essayés à la création chorégraphique, qui a abouti à une représentation sur la scène du Vingtième Théâtre le samedi 13 décembre 2014. Enfin j'assiste aux différents événements exceptionnels de Danse en Seine et aide en cas de besoin.

2. Que fais-tu dans la ”vraie vie” ?

Je suis étudiante en première année de Master Médiation Culturelle à Paris 3 et je me destine au métier de médiatrice culturelle au sein d'une structure consacrée au spectacle vivant. J'ai toujours eu un attrait pour la danse, j'ai d'ailleurs pu en pratiquer plusieurs et l'année 2014-2015 est ma première année de danse contemporaine.

3. Comment as-tu entendu parler de Danse en Seine ?

Depuis quelques temps, je souhaitais m'investir dans une association culturelle pour pouvoir avoir une approche plus concrète que celle de l'université et pour soutenir son développement, ses actions de démocratisation. Je suis donc partie à la recherche de cette association et j'ai découvert Danse en Seine.

4. Peux-tu résumer l’association en 3 mots ?

Passion, transmission, convivialité