Le Groupe Grenade, success story initiée par Josette Baïz il y a désormais 20 ans et vécue de l’intérieur par deux danseuses de la compagnie Danse en Seine, est simple et très humaine. Comment donner la chance à certains talents artistiques ignorés des quartiers nord de Marseille et d’Aix de s’épanouir enfin? En les prenant par la main, et en les amenant vers la danse, littéralement. C’est ainsi  en tous cas que Josette Baïz l’a fait durant toutes ces années. Rassemblés en classes de même tranches d’âge, les danseurs répétaient tous ensemble, entre marseillais et aixois aux provenances variées, conduisant à un langage chorégraphique unique et original, résolument métissé.

Le processus chorégraphique de Josette Baïz donne une place primordiale à l’improvisation, restructurée ensuite et amendée de ses propres propositions chorégraphiques. Ce processus a permis aux enfants de développer une personnalité artistique et de libérer leur créativité, sans pour autant négliger l’acquisition de bases techniques solides lors des entraînements, 3 fois par semaine. Et le résultat est là. Loin de la froideur scolaire des élèves issus des parcours classiques et disciplinés, le groupe Grenade libère une énergie vivifiante et ses interprètes donnent la leçon aux danseurs académiques sur la joie de danser et la présence scénique… Bravo donc!

La soirée des 20 ans ne reflète pas complètement l’esprit Grenade. L’exercice de style, parfaitement réussi d’ailleurs, a réuni des grands chorégraphes contemporains autour de ce groupe d’enfants et adolescents pour voir si et comment certaines de leurs pièces pouvaient leur être adaptées.

La première pièce signée Découflé, Codex (1986) met en scène un étonnant duo entre une mini danseuses et un géant. Très ludique et très simple, presque géométrique, la pièce gagne l’attention du public immédiatement.

 

Puis c’est Mamame de Galotta, adaptée à des danseurs à peine plus grands que la précédente soliste. La pièce peut sembler longue à certaines reprises, mais sa fraîcheur est incontestable. Est-ce lié à la pureté de ces jeunes interprètes? Qu’importe, la pièce et son interprétation sonnent juste.

Place ensuite à Kelemenis et au solo impressionnant d’un adolescent. Petit danseur, il dévore pourtant la scène gigantesque du Théâtre de la Ville, bondit et remplit sa mission tout tracée de Faune (1988) : charmer son public. Fluidité et vélocité… On reconnaît la touche du résident Marseillais!

Changement d’ambiance radical. Bonjour classicisme! Les cigales continuent à chanter, et Jean-Christophe Maillot est à l’honneur pour les deux pièces qui suivront : Miniatures (2004), duo singulier et technique tout en ombre, Vers un Pays sage (1995) grand pas néo-classique pour danseurs bétons.

Retour dans les années 80 avec Marché noir (1985) de Preljocaj. Cette pièce mécanique récompensée au concours de Bagnolet en 1884 évoque les règles (du Marché) mais également ses transgressions. Trio loufoque parfaitement exécuté. À voir et à revoir!

Enfin, le spectacle se termine sur The Show must go on, de Jérôme Bel. Conceptuel et qui suscite le questionnement : quel est le propos puisqu’il n’est pas chorégraphique? Mais sans trop se poser de questions, on apprécie ce moment étonnant mais humoristique, qui permet de découvrir les visages de ces danseurs hors du commun.

Photos http://www.josette-baiz.com